Migrations et sociétés : leçon inaugurale de François Héran

Une trentaine de Syriens débarque sur l'île de Kos, sous les yeux d'une vieille femme grecque. Grèce, automne 2015
Une trentaine de Syriens débarque sur l'île de Kos, sous les yeux d'une vieille femme grecque. Grèce, automne 2015 - Matthieu Chazal
Une trentaine de Syriens débarque sur l'île de Kos, sous les yeux d'une vieille femme grecque. Grèce, automne 2015 - Matthieu Chazal
Une trentaine de Syriens débarque sur l'île de Kos, sous les yeux d'une vieille femme grecque. Grèce, automne 2015 - Matthieu Chazal
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Seuls 5% de la population mondiale migrent. A quoi les individus sont-il sensibles pour migrer? Demande le démographe-sociologue, François Héran. Comment les migrants peuvent-ils contribuer fortement au peuplement d’un pays sans y apporter pour autant des flux massifs?

Avec

Pourquoi selon le mot d’Adam Smith, 

"de tous les bagages, l’homme est-il le plus difficile à déplacer?"

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Notre vieux monde tolère de bien terribles violences et bien des hécatombes. Qui aurait cru que notre merveilleuse mer Méditerranée, dont vous admirez peut-être le bleu encore aujourd'hui, deviendrait ce vaste cimetières d’enfants, d’hommes et de femmes fuyant comme le dit Baudelaire, « l’horreur de leur berceau » ou « une patrie infâme ». 

François Héran, titulaire de la nouvelle chaire « Migrations et sociétés » au Collège de France cite, au cours de sa leçon inaugurale, un extrait du poème Le Voyage de Baudelaire :

"Faut-il partir ? rester ?"

Le sociologue-démographe s’engage sine ira et studio (sans colère ni parti pris pour reprendre la neutralité définie par Tacite) à 

"rétablir les ordres de grandeur du phénomène migratoire, à l’ère de la post-vérité".

Il présente les paradoxes de l’étude démographique, désamorce bien des clichés à commencer par ceux des politiques souvent ignorants des réalités de ce sujet « ultra-sensible », selon son mot et à la remorque de la « politique d’opinion ».

Réalisons-nous que seulement "5% de la population mondiale migrent, quand 95% demeurent"  dans le pays d'origine?

François Héran, normalien, polyglotte, agrégé de philosophie est "engagé à fond" (selon son mot encore) dans "l’approche inter-disciplinaire des sciences sociales". Ses premiers travaux l’ont entrainé d’un continent à l’autre, avant de diriger de 1993 à 1998, la division des enquêtes et études démographiques de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), puis de 1999 à 2009, l'Ined (Institut national d'études démographiques). Fin 2010, l’ensemble de son œuvre a été couronné par l’Académie royale des sciences des Pays-Bas, où il a étudié pendant une année à La Haye, le débat public sur l’immigration. Aujourd’hui, il se partage entre le Collège de France et la direction de l’Institut Convergences Migrations

S’il s’attache à la crise des réfugiés de 2015, à la fin de sa leçon inaugurale, il s’agit avant tout de 

"Replacer l’actualité dans la dynamique démographique et sociale". 

Alors comment les nouveaux modèles, inspirés de la théorie du capital humain, révèlent-ils le caractère sélectif des migrations? Comment la migration internationale est-elle concurrencée par les migrations régionales voire internes? Comment Adam Smith a-t-il formulé une première théorie des migrations et quelle est l’asymétrie entre droit d’émigrer et droit d’immigrer? 

Et nous gagnons tout de suite le grand amphithéâtre du Collège de France, le 5 avril 2018, pour la leçon inaugurale de François Héran.

Pour prolonger :

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François Héran propose de retrouver en ligne les documents et graphiques qui émaillent sa leçon inaugurale.

Un grand merci au photographe Matthieu Chazal dont les prises de vue, sur la route des migrants dans la région méditerranéenne, accompagnent la présentation des cours de François Héran. 

Une femme syrienne le long du rail à Tabanovce, en Macédoine, à la frontière avec la Serbie. Automne 2015
Une femme syrienne le long du rail à Tabanovce, en Macédoine, à la frontière avec la Serbie. Automne 2015
- Matthieu Chazal

Matthieu Chazal expose ses photos, " Mossoul, après les combats: chroniques du Nord de l’Irak"dans le cadre de la 19e édition de BarrObjectif.

  • Archives et extraits du générique de la leçon inaugurale

Voix d'Alfred Sauvy sur la création d'une nouvelle chaire au Collège de France, puis interview de Françoise Héritier sur ses souvenirs de la leçon inaugurale et de son trac.

  • En ouverture, lecture d'un extrait du Voyage de Baudelaire, lu par Tatiana Lehat :

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,                                              
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,                                              
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,                                              
Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;                                              
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,                                              
Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,                                              
La Circé tyrannique aux dangereux parfums. (...)

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;                                              
Une voix retentit sur le pont : " Ouvre l'oeil ! "                                              
Une voix de la hune, ardente et folle, crie .                                              
" Amour... gloire... bonheur !                      " Enfer ! c'est un écueil !

Chaque îlot signalé par l'homme de vigie                                              
Est un Eldorado promis par le Destin ;                                              
L'Imagination qui dresse son orgie                                              
Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin. (...)

Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;                                              
Pars, s'il le faut. (...)

  • Références musicales par Laure-Hélène Planchet :

Sur le générique et le poème : « Le Temps », Serge Teyssot-Gay/ Khaled Aljaramani, album « Inerzone/3ème jour ».

Sur la présentation du cours : « Shataraban », Khaled Aljaramani/ Serge Teyssot-Gay, album « Interzone ».

Interlude : « Out of Walls », Khaled Aljaramani/ Serge Teyssot-Gay, album « Interzone ».

Générique de fin : “Ayed”, Khaled Aljaramani/ Serge Teyssot-Gay, album « Interzone ».

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