Normes sacrificielles - Partie 2 : épisode 9/11 du podcast Polythéisme grec, mode d'emploi

Cratère en cloche attique à figures rouges (Louvre G 496) vers 420 av. J.-C.
Cratère en cloche attique à figures rouges (Louvre G 496) vers 420 av. J.-C. - Wikipedia Commons
Cratère en cloche attique à figures rouges (Louvre G 496) vers 420 av. J.-C. - Wikipedia Commons
Cratère en cloche attique à figures rouges (Louvre G 496) vers 420 av. J.-C. - Wikipedia Commons
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Qu’est-ce que la cuisine sacrificielle des viscères dans le polythéisme grec ? Et que nous apprend Plutarque sur l’utilisation de la vésicule biliaire ? S’interroge l’historienne-anthropologue Vinciane Pirenne-Delforge.

Avec
  • Vinciane Pirenne-Delforge Historienne, professeur au Collège de France. Elle est titulaire de la Chaire Religion, Histoire et Société dans le Monde Grec Antique.

Comment les anciens eux-mêmes définissaient-ils leurs dieux et comment entraient-ils en communication avec eux ? Dans un système religieux aussi flexible, quels étaient les vecteurs de l’autorité et de l’imposition des normes ? 

Et pourquoi recourir au terme de 'normes', alors que les prescriptions rituelles épigraphiques ont longtemps été rassemblées dans la catégorie des 'lois sacrées'?

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Titulaire de la nouvelle chaire « Religion, histoire et société dans le monde grec antique » et directrice de recherche au Fonds de la Recherche Scientifique belge (FNRS), Vinciane Pirenne-Delforge a enseigné pendant près de 15 ans à l‘université de Liège, tout en dirigeant l’unité de recherche Histoire et anthropologie des religions. 

Docteur en philosophie et lettres, de ses premiers travaux sur Aphrodite à son livre sur Héra, Vinciane Pirenne-Delforge s’attache, depuis 30 ans à :

comprendre les mécanismes de fonctionnement du polythéisme dans le monde grec ancien et, au-delà, celui des systèmes religieux pluriels en général, en ouvrant le dialogue avec d’autres sociétés de la Méditerranée antique.

Pour sa première série de cours donnés au Collège de France, elle a donc proposé un 'mode d’emploi' du polythéisme grec. 

Est-on en droit, s’interroge-t-elle, de parler de religion grecque au singulier alors que chaque communauté organisait sa vie religieuse à son gré ?

Dans sa leçon inaugurale, elle rappelait que :

Le polythéisme est l’une des manières dont l’écrasante majorité des sociétés de l’Antiquité a négocié la représentation d’un monde complexe. Une analyse de ses modalités de fonctionnement peut non seulement nous permettre de mieux comprendre ces sociétés antiques, mais également de réfléchir aux diverses manière de négocier ‘la religion des autres’ 

Le cours précédent s’est achevé sur l’interrogation des normes sacrificielles et a ouvert d’une certaine manière le grand dossier de la "boucherie", ou de la cuisine rituelle dans la religion antique, l’autel et la flamme jouant un rôle de marqueur grec. 

Pour Vinciane Pirenne-Delforge, les nombreux 'motifs' qui se tissent sur la trame du sacrifice grec sont attestés dans le registre documentaire des prescriptions.  

A cet égard, le cas des viscères (splanchna), est tout particulièrement éclairant car cet ensemble d’organes internes des animaux de sacrifice fait partie des hiera, les parts sacrées, qui sont prélevées sur la bête sacrifiée et ouvrent une sorte de canal de communication entre les hommes et les dieux." 

Nous gagnons tout de suite l’amphithéâtre du Collège de France, le 28 mars 2018, pour le cours de Vinciane Pirenne-Delforge.