

Quelles sont les nouvelles cultures politiques à partir des années 1990? demande Pierre Rosanvallon. Comment le mot "République" est-il revenu en force, au milieu des années 1980, période d’essoufflement et de jachère des idées? Comment le FN a-t-il mué vers le national-populisme?
- Pierre Rosanvallon historien, professeur émérite au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France
Nouvelle diffusion du 9 mars 2018
Qu’est-ce qui se met en place avec le néo-républicanisme d’un Jean-Pierre Chevènement et d’un Régis Debray? Comment sont-ils "annonciateurs des grands reclassements ultérieurs" en opposant "ceux qui résistent à la normalisation mondialisée, en défendant une indépendance nationale, sous la bannière d’une république refondée" face "à ceux qui consentent à un ordre du monde dorénavant mondialisé"? Comment le FN est-t-il passé du petit parti aux "relents de haines" dans les années 1970 au grand parti national-populiste et national-protectionniste, des années 2000 ?
Pierre Rosanvallon, intellectuel atypique, historien-philosophe, passé d’HEC à la CFDT, puis à l’EHESS, avant le Collège de France, où il est titulaire de la chaire Histoire Moderne et Contemporaine du politique, mêle son itinéraire personnel à une vaste fresque collective, où il interroge l’ histoire politique et intellectuelle de 1968 à 2018. Entre explorations, enthousiasmes, piétinements, aveuglements et lucidités, il s’attache aux courants naissants, aux grandes mutations des idées et des hommes, il scrute les avants-gardes, les nouveaux mots et les concepts qui reviennent, les malheurs du temps du temps présent, le désenchantement démocratique, les mots qu’il appelle "caoutchouc, "populisme", "néolibéralisme"…
Le cours précédent s’est achevé sur l’ascendant technocratique et sur la sociologie de la Fondation Saint-Simon, qui réunissait universitaires français et étrangers sollicités par François Furet et des figures de "patrons réformateurs" ou aux talents innovateurs rassemblés par Roger Fauroux, alors président de Saint-Gobain, mais aussi des hauts fonctionnaires et des membres de la société civile. Cet ensemble a formé, entre 1982 et 1999, un milieu de type gestionnaire technocratique, qui a pu faire penser au Club Jean Moulin des années 1960, en suscitant bien des fantasmes. Pierre Rosanvallon qui a vécu ce premier think-tank français de l’intérieur rappelait qu’on avait alors parlé de "cercle de la Raison".
Quelle mue se produit au tournant des années 1990, quelles sont les grandes ruptures? Quelle page va se tourner avec la fin de la Fondation Saint-Simon, de ce premier think-tank réunissant universitaires et patrons réformateurs, un peu "old school", partisans de l’économie de marché loin du reaganisme…?
Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, les 10 et 17 janvier 2018 pour le cours de Pierre Rosanvallon, aujourd’hui : "Nouvelles cultures politiques : du néo-républicanisme au nouveau FN".
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