

Quelles sont les recompositions au tournant des années 1990? Quel est le "chaudron politique" qui émerge? Comment repose-t-il sur un mode négatif? demande Pierre Rosanvallon, grand historien de la démocratie et de l'émancipation, sur le temps long depuis 1789 et, sur le temps court, de 1968 à 2018.
- Pierre Rosanvallon historien, professeur émérite au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France
Nouvelle diffusion du 12 mars 2018
Pourquoi faire une théorie des passerelles et des greffes pour comprendre les convergences de groupes très différents et l’émergence des populismes? Demande l’historien philosophe du politique Pierre Rosanvallon. Quelles sont les mutations à gauche, avec l’appropriation du mot glorieux et ambiguë de résistance et avec les définitions floues de la sociale-démocratie? Comment les réflexions de Pierre Bourdieu ont-elles accompagné l’émergence de la gauche de résistance? Qu’est-ce qui se joue autour du mot néo-libéralisme « toujours appréhendé, note Pierre Rosanvallon au singulier et de façon globale, monstre total persévérant » ?
Pierre Rosanvallon, titulaire de la chaire Histoire Moderne et Contemporaine du politique, nous entraîne dans une vaste fresque dans le cadre de sa série sur deux ans, intitulée, Les années 1968-2018 : une histoire intellectuelle et politique. Face aux désenchantements démocratiques, aux populismes, aux maux du temps présent, il propose, depuis l’an passé, de retrouver les enthousiasmes, les aveuglements et les explorations de 1968 à nos jours, en mêlant temps court et temps long (il n’hésite pas à revenir sur la période révolutionnaire au XVIIIe siècle et sur le long XIXe siècle, comme nous le verrons cette semaine), à mêler au récit collectif son témoignage personnel, tout en tissant, parallèlement, la narration de ses propres interrogations et de ses recherches sur la démocratie, l’émancipation et le libéralisme. Ce travail qui articule la grande histoire et une histoire particulière vise selon ses mots
« à faire progresser la conceptualisation des phénomène politiques contemporains ».
Dans cette deuxième et dernière année de cours, consacrée au cycle 1968-2018, après l’essoufflement des années 1980, la "jachère des idées", les différentes formes "d’engourdissements intellectuels et politiques", l’historien, philosophe du politique a distingué trois changements caractéristiques au tournant des années 1990:
- l’apparition de nouvelles cultures politiques,
- un certain nombre de mutations de la gauche (que nous allons découvrir dès aujourd’hui), de la gauche de résistance à partir des grèves de 1995 aux transformations de la gauche de gouvernement en passant par l’absence d’analyse du "social libéralism" des années Blair en Grande Bretagne,
- et il a mis en valeur ce qu’il appelle « le grand retournement intellectuel », que nous verrons dans les prochains jours.
Dans le cours précédent, Pierre Rosanvallon a commencé à examiner l’émergence des nouvelles cultures politiques : une culture souverainiste qui s’est détachée du socialisme et qui s’est fondée sur une sorte de « néo-républicanisme » dénonçant la normalisation mondialisée, puis il a rappelé la mise en orbite dans des conditions nouvelles du FN, qui au-delà du petit parti d’extrême droite dans les années 1970, a été qualifié avec le succès électoral et les années 2000 de « parti national populiste et national protectionniste ». Le cours s’était achevé par les mues accompagnant le leadership de Marine Le Pen et l’appropriation des figures de la gauche, Jaurès, Marx et le manifeste des économistes atterrés...
Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, les 17 janvier 2018 pour le cours de Pierre Rosanvallon, aujourd’hui « Nouvelles cultures politiques en mode négatif et les mutations de la gauche »
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