Quelles sont les répercussions de la Première guerre mondiale, dans la pensée, les sciences et les arts? Serge Haroche analyse les ruptures en physique autour de 1914 et Françoise Balibar, le couple mathématiques-physique. Comment la figure d’Einstein domine-t-elle cette révolution scientifique?
- Françoise Balibar Professeur émérite (spécialité physique) de l’Université Paris Diderot, elle a dirigé au CNRS l’équipe chargée de la présentation et traduction annotée de 6 volumes d’écrits d’Einstein
- Serge Haroche Physicien, professeur honoraire au Collège de France, prix Nobel de physique 2012.
Qu’est-ce qui se joue, sur le long terme, autour de 1914 et de 1918? Quels sont les mutations, les découvertes, les élans qui ont été stoppés, ralentis, changés ou au contraire accélérés par le conflit mondial?
« Combien demeurent d’actualité, 100 ans après, les questions révolutionnaires dans le domaine de la physique qui ont été abordées avant et après la guerre », souligne le physicien Serge Haroche.
Publicité
Quels sont les rapports entre physique et mathématique demande, quant à elle, Françoise Balibar, à ce moment charnière et comment le travail scientifique en mathématique a-t-il été stoppé par la guerre? Quelle hécatombe parmi les mathématiciens ?
Nous voici en 2018 et alors que nous traversons, nous-mêmes, un temps de grandes mutations scientifiques, géopolitiques, environnementales, culturelles… notre société s’apprête à revenir sur deux années majeures, à questionner deux grands laboratoires de créativité dans tous les domaines et de débats contradictoires, à se confronter à deux moments ultra-sensibles et complexes de notre mémoire, l’année 1918 et l’année 1968. Au-delà des enjeux de commémoration, du centenaire de la fin de la Grande Guerre où nous partageons tous un ancêtre affecté par ce conflit et du cinquantenaire d’une année de grandes turbulences créatives, politiques et sociétales, partout dans le monde, l'année 1968, il s’agit d’interroger un contexte, un terreau et une actualité qui touchent nos vies à des degrés très divers.
Avant de retrouver la suite de la série de Pierre Rosanvallon sur le laboratoire politique et intellectuel des années post 68, ce trimestre, nous vous proposons d’écouter, cette semaine, le colloque de la rentrée 2014, intitulé « Autour de 1914-1918 : nouvelles figures de la pensée, Sciences, arts et lettres ». Dans cette perspective, le Collège de France a invité ses professeurs et différents chercheurs dans une approche interdisciplinaire sur la question des répercussions sur le long terme de la Première guerre mondiale.
« Pourquoi commémorer 1914? Demandait en 2012 dans Libération, l’économiste Bernard Maris, qui était alors conseiller scientifique de la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale (l’économiste a été assassiné en 2015 dans l’attentat terroriste de Charlie Hebdo et on mesure aussi combien ces quatre dernières années ont pu bouleverser notre monde).
Alors pourquoi commémorer la Grande Guerre ?
« Pour la paix, l’amitié, mais beaucoup plus encore, déclarait-il. D’abord pour comprendre notre société. En 1914, s’achève la première grande mondialisation commencée cent ans plus tôt. Jamais les échanges commerciaux et culturels n'ont été aussi denses. Paris accueille tous les artistes du monde et les artistes français voyagent partout en Europe… Pourquoi aucun intellectuel, aucun artiste ne se dérobera-t-il à la guerre ? Demandait encore Bernard Maris. Quelle était donc cette société qui, envahissant les gares le 2 août 14, s’apprête à disparaître, et quelle image donne-t-elle de la nôtre ? »
Pour ouvrir cette réflexion, c’est du côté des révolutions scientifiques que nous allons tourner notre regard**,** celle "contre-intuitive et bouleversante de la physique moderne" qui a révélé l’infiniment petit et l’infiniment grand, une physique moderne qui s’unifie et devient « fondamentalement mathématique ». Nous aborderons cette histoire en 2 temps, aux côtés de Serge Haroche, professeur honoraire au Collège de France titulaire de la chaire de physique quantique de 2001 à 2015, prix Nobel de physique 2012, partagé avec David Wineland, pour leurs travaux sur la mesure et le contrôle des particules quantiques isolées et de Françoise Balibar, physicienne et historienne des sciences, professeur émérite à l'Université Paris Diderot.
Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 16 octobre 2014, avec Françoise Balibar qui se penchera, en 2e partie, sur « la mutation des rapports entre mathématiques et physique de 1900 à 1920 » et tout de suite, en première partie, nous retrouvons Serge Haroche qui ouvre ce colloque sur « Einstein et les grandes mutations de la physique autour de 1914 ».
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour prolonger :
Les actes du colloque, "Autour de 1914-1918 : nouvelles figures de la pensée, Sciences, arts et lettres », ont été publiés sous la direction d’Antoine Compagnon, chez Odile Jacob en 2015.
La leçon inaugurale de Serge Haroche, initulée, « Physique quantique » est publiée chez Fayard.
Françoise Balibar a publié Einstein, la joie de la pensée, chez Gallimard découvertes en 2011 et plus récemment elle a présenté avec Carlos Lobo Philosophie des mathématiques et des sciences de la nature de Hermann Weyl, en 2017, Chez Metis Presses, à Genève.
Elle a également publié Œuvres choisies d’Albert Einstein en six volumes (Seuil-CNRS), Galilée, Newton lus par Einstein (PUF, 2007) et Einstein, Newton, Poincaré. Une histoire de principes (Belin, 2008).
L'équipe
- Production
- Coordination
- Réalisation