Pourquoi reprendre au milieu des années 1970, le terme alors désuet en France de "libéralisme", terme non encore connoté par les années Thatcher, Reagan & suivantes? Quel a été l’attrait des approches libérales, écossaises, continentales et américaines pour Pierre Rosanvallon & pour Michel Foucault?
- Pierre Rosanvallon Historien, professeur émérite au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France
Pourquoi revenir sur Guizot, « un des premiers théoriciens du gouvernement d’opinion » ?
Nous poursuivons cette semaine, en compagnie de Pierre Rosanvallon, titulaire de la chaire Histoire Moderne et Contemporaine du politique, sa "revue" du grand laboratoire d’idées des années post 68, entre regard rétrospectif critique (au sens d’examen) et récit personnel. Notre théoricien de la démocratie est lui-même témoin et acteur de ces années 1970-1980, pour son cours conçu, sur deux années, sous le titre « Les années 1968-2018 : une histoire intellectuelle et politique ».
A la fin de La Démocratie à l’œuvre, recueil autour de ses travaux, publié au Seuil en 2015, Pierre Rosanvallon revient sur son parcours. Il explique sa nouvelle orientation professionnelle en quittant la CFDT, pourquoi, il a choisi de devenir un universitaire, - un "universitaire atypique" nous précise-t-il, pour "apporter une réponse plus solide à ses questions matricielles". Ainsi ses ouvrages, Le capitalisme utopique en 1979, où il aborde le mouvement libéral, et La crise de l'État-providence en 1981 marqueront une "indéniable rupture", explique-t-il, avec ses premières publications, ce qu’il appelle ses "essais d’intervention". Ses livres sont dès lors "Plus fortement conceptualisés, fondés sur des lectures plus larges et plus approfondies".
Pour l’historien-philosophe du politique, Le capitalisme utopique partait de "l’idée assez vague d’explorer différentes figures originelles de l’idéal d’autonomie", de questionner entre autres "les débuts du salariat et de la dépendance", de "prendre conscience de la puissance d’une aspiration qui avait été longtemps minimisée par l’histoire sociale". Cet ouvrage "a ouvert en France la voix une relecture des lumières écossaises". Dans La Démocratie à l œuvre, Pierre Rosanvallon reconnaît :
"nos démocraties contemporaines ont certes une préhistoire formelle qui doit retenir l'attention mais elles doivent être aussi replacées dans la grande diversité des expériences humaines de délibération collective ou d'expression du sentiment commun, comme celle des combats pour l'émancipation, la protection contre les errements des pouvoirs et pour l'égalité. On ne peut séparer dans cette mesure l'histoire du libéralisme et celle de la démocratie. Le libéralisme peut en effet s'appréhender en tant que démocratie négative, lutte pour les droits et la protection vis-à-vis des pouvoirs. La démocratie positive, de décision l’inclut et ne saurait en être séparée du point de vue d'une histoire générale de l'autonomie et de l'émancipation". (p. 240)
Rien n’est simple avec l’approche du libéralisme et le dialogue avec Michel Foucault, que Pierre Rosanvallon a côtoyé au moment où, l’auteur de Surveiller et Punir explorait ce champ pour le fameux cours du Collège de France, en 1978-79, sur la naissance du biopolitique (publié au Seuil), la gouvernementalité libérale, est très éclairant dans ses rencontres et dans ses divergences. Cette fin des années 1970, c’est aussi pour Pierre Rosanvallon, la lecture d’ Homo aequalis. Genèse et épanouissement de l'idéologie économique par Louis Dumont (Gallimard "Tel")et la centralité de l’holisme. Nous nous étions arrêtés à cette lecture des travaux de Louis Dumont vendredi et nous le retrouvons, ce matin, avant la genèse des livres de Pierre Rosanvallon, Le Capitalisme utopique (et ses variation de titres, selon les éditions, au Seuil) et Le Moment Guizot en 1984 (Gallimard NRF) et avant Michel Foucault.
Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 25 janvier dernier, pour le cours de Pierre Rosanvallon, Les années 1968-2018 : une histoire intellectuelle et politique, aujourd’hui « Pourquoi le libéralisme »
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