Qu’est-ce que l’art du pamphlet? : épisode 3/13 du podcast De la littérature comme sport de combat (suite)

 Détail 1re page, "Du Commandement de la cavalerie et de l'Équitation : 2 livres de Xénophon, traduits par un officier d'artillerie à cheval", P-L Courier, contributeur/portrait par Ary Scheffer, vers 1830/page de garde, "Pamphlet des pamphlets" 1824
 Détail 1re page, "Du Commandement de la cavalerie et de l'Équitation : 2 livres de Xénophon, traduits par un officier d'artillerie à cheval", P-L Courier, contributeur/portrait par Ary Scheffer, vers 1830/page de garde, "Pamphlet des pamphlets" 1824 - Gallica BNF / Wikicommons
Détail 1re page, "Du Commandement de la cavalerie et de l'Équitation : 2 livres de Xénophon, traduits par un officier d'artillerie à cheval", P-L Courier, contributeur/portrait par Ary Scheffer, vers 1830/page de garde, "Pamphlet des pamphlets" 1824 - Gallica BNF / Wikicommons
Détail 1re page, "Du Commandement de la cavalerie et de l'Équitation : 2 livres de Xénophon, traduits par un officier d'artillerie à cheval", P-L Courier, contributeur/portrait par Ary Scheffer, vers 1830/page de garde, "Pamphlet des pamphlets" 1824 - Gallica BNF / Wikicommons
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Qu’est-ce que l’art du pamphlet, tel qu’il est pratiqué par Paul-Louis Courrier, auteur aujourd’hui oublié, malgré ses brochures polémiques, célèbres sous la Restauration? Demande Antoine Compagnon. Comment situer Paul-Louis Courrier dans la bataille romantique?

Avec
  • Antoine Compagnon Professeur au Collège de France depuis 2006, titulaire de la chaire de Littérature française moderne et contemporaine

Quelles étaient les relations, entre oppositions et subtiles convergences de ce redoutable bretteur, illustre auteur en 1824, du Pamphlet des pamphlets, avec le grand polémiste, Chateaubriand, qu’il avait surnommé le "vicomte pamphlétaire"? Et quelle généalogie possible avec Pascal dans l’art polémique? Pourquoi l’antipathie pour les "faiseurs de livres"?

Antoine Compagnon, titulaire de la chaire « Littérature française moderne et contemporaine : Histoire, critique, théorie » poursuit la série « De la littérature comme sport de combat », inaugurée en 2017.

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Dans un premier cycle de cours, il avait mis en avant les "tropes" de la « guerre littéraire » qu’il avait empruntée aux Illusions perdues de Balzac… Balzac que nous retrouverons en ouverture aujourd’hui. Cette année, l'historien de la littérature consacre ses cours à quelques grandes figures. Les trois premiers cours sont consacrés à Paul-Louis Courier, l’homme du pamphlet, mort assassiné, avant de découvrir demain le duelliste, en épée et muni d'une "plume d'acier", Armand Carrel, qui sera aussi le premier biographe du pamphlétaire. Si son art est grand dans le pamphlet, Stendhal voyant en Paul-Louis Courier, « l’homme le plus intelligent de France », le personnage n’est pas toujours sympathique. Nous avons découvert hier l’affaire de la tache d’encre, affaire d’Etat sous la Restauration… Alors que reste-t-il de l'art du pamphlétaire, Paul-Louis Courier? 

Nous découvrons à l'issue de ce cours, un Chateaubriand, "lecteur attentif" de Courier, qu'il qualifie de "savant helléniste, esprit tumultueux, pamphlétaire à cheval" avant d'écrire dans La Vie de Rancé :

"Si les arbres sous lesquels fut tué Courier existent encore, qu’est-il resté dans ses ombrages, que reste-t-il de nous partout où nous passons?"

Quant à Paul-Louis Courier, il se fait "admirateur sarcastique" dans une lettre, note Antoine Compagnon :

"Chateaubriand (...) est un écrivain véritable ; quand il ne monte pas sur son destrier du Moyen Âge, quand il est de son temps et de son pays, il est poète, comme nul en prose ne le fut jamais. Comme Horace disait, de je ne sais quel grec, il parle grandement.

Ah Vicomte ! Si vous eussiez été, comme moi, disciple d’Isocrate, apprenant de lui, expert en telle matière, à écrire peu et à retoucher sans cesse, quel écrivain nous aurions en vous!

Mais non, vous copiez  Rousseau, vous apprenez Bernardin par cœur. (...) Qui quitte les classiques, les classiques le renient"

Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 23 janvier 2017, pour le cours d’Antoine Comagnon, aujourd’hui « Paul-Louis Courrier, l’homme du pamphlet, 3e et dernière partie »