Une vision plurielle des voies de l'intégration (15/15)

Ecole maternelle de Vitruve, Paris, rentrée scolaire 09/2003 : La prime de scolarisation est favorable aux classes populaires & notamment aux enfants d'immigrés
Ecole maternelle de Vitruve, Paris, rentrée scolaire 09/2003 : La prime de scolarisation est favorable aux classes populaires & notamment aux enfants d'immigrés ©AFP - AFP PHOTO COR / AFP
Ecole maternelle de Vitruve, Paris, rentrée scolaire 09/2003 : La prime de scolarisation est favorable aux classes populaires & notamment aux enfants d'immigrés ©AFP - AFP PHOTO COR / AFP
Ecole maternelle de Vitruve, Paris, rentrée scolaire 09/2003 : La prime de scolarisation est favorable aux classes populaires & notamment aux enfants d'immigrés ©AFP - AFP PHOTO COR / AFP
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Comment mesurer les écarts liés aux origines et quel est le poids spécifique de l'origine des migrants au fil du temps? Quels défis représente la mesure de l'intégration? Quel rôle joue la socialisation via les enfants? Quel problème pose l'insertion, selon l'anthropologue-démographe François Héran?

Avec

Nouvelle diffusion du 14/09/2020

Nous voici au terme de sa grande série de cours consacrés à "L'intégration : constats et débats". 

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Titulaire de la chaire « Migrations et sociétés », François Héran se partage entre le Collège de France et l’animation de l’ Institut Convergences Migrations. L'anthropologue démographe nous a propose une vaste plongée socio-historique autour des notions complexes d'integration et d'assimilation. Le cours précédent a introduit les grandes enquêtes autour des discriminations. Aujourd'hui il s'attache aux enquêtes qui tentent de mesurer l'intégration et il nous propose une réflexion sur le temps de l'intégration.

Dans la perspective de sa série sur l'intégration au Collège de France, François Héran a été auditionné en mars 202O au Sénat dans le cadre d'une commission sur la radicalisation islamise, il rappelle :

"L'enquête Trajectoires et Origines de 2008 fait apparaître que près d'un quart de la population française est immigrée ou enfant d'immigré." "Ces enquêtes, note encore le chercheur, montrent que plusieurs phénomènes font obstacle à l'intégration. La seconde génération s'est présentée sur le marché du travail au moment où le chômage de masse s'est développé. Les indicateurs d'intégration suivis par l'Insee et par l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) indiquent que cette génération rencontre davantage de problèmes d'intégration que la première : cette situation est paradoxale, car cela devrait être l'inverse. Parmi les indicateurs objectifs, on étudie le taux d'emploi ou la réussite scolaire. Certes, le taux d'éducation a augmenté - et l'illettrisme a disparu -, mais le taux d'emploi reste inférieur. La fin de l'immigration de travail a rompu le lien entre immigration et emploi."

Revenant sur la socialisation qui remonte les générations et qui passe par l'école et les enfants, François Héran rappelle le rôle clé de l'école maternelle. Il a fallu attendre que les origines des élèves de maternelle entrent dans les enquêtes :

"Mais désormais, note-t-il, c'est tout à fait prouvé, la prime scolarisation est favorable aux classes populaires et notamment aux enfants d'immigrés."En ouverture de cette série, François Héran rappelait :"Les chercheurs qui s’intéressent de près au sort des immigrés dans la société sont plutôt des gens qui doutent et s’interrogent ; ils passent du temps à mettre au point des dispositifs d’observation et d’enquête, à rouvrir les archives pour questionner les catégories, à tester les outils de mesure. Ils ne profèrent pas d’oracles du haut d’une science souveraine."

Et c'est bien une "vision plurielle de l'intégration" qui accompagne sa réflexion sur le temps de l'intégration... Evoquant, dans le cours d'aujourd'hui, certains parcours de femmes migrantes qui se sont émancipées. 

François Héran souligne :"l'émancipation, c'est effectivement la démarche active des intéressés, mais en même temps, c'est un choix. Je ne vois pas au nom de quelle science souveraine on pourrait imposer aux immigrés un parcours modèle, un parcours type, alors qu'il y a une pluralité de parcours possibles parce qu'il y a une pluralité des voies d'intégration et que ce pluralisme là doit être respecté."

Nous gagnons le Collège de France,  le 6 mars 2020, pour le cours de François Héran, aujourd’hui "Une vision plurielle des voies de l'intégration" (cours d'1h30 disponible  en vidéo sur le site du Collège de France).

Pour prolonger sur le temps de l'intégration :

Gérard Moreau : 

L'équipe