

La noblesse du politique ne consiste-t-elle pas à chercher le moyen de vivre ensemble, à rechercher le bonheur individuel dans l’harmonie commune, à viser le vrai, à construire le bien collectif dont dépend le bien individuel ?
- Anne Baud maître de conférences en archéologie à l’Université de Lyon 2
En ces temps agités où la notion du politique se dégrade sous les coups de boutoirs des appétits individuels, où l’intérêt général, le bien commun, la visée universelle, toutes ces idées qui ont été au fondement de la philosophie politique font figure de notions naïves et utopistes, où les beaux mots de république, démocratie, liberté, égalité, fraternité se vident de leur sens tant on les utilise à tort à travers, tant on les brandit comme des armes de la guerre des identités, j’ai eu envie de revenir aux sources. De réfléchir à la noblesse du politique comme art de trouver le moyen de vivre ensemble, de rechercher le bonheur individuel dans l’harmonie commune, de viser le vrai, de construire le bien collectif dont dépend le bien individuel. Dans ce sens, la politique n’est plus une carrière au service d’ambitions personnelles mais bien un exercice spirituel, une branche essentielle de la philosophie, de la quête de la sagesse donc.
Pour nous aider sur ce chemin de réflexion, nous sommes en compagnie de ce soir d’ Anne Baudart, philosophe, , professeure de chaire supérieure à l’ENS/Ulm et Maître de conférences à l’IEP de Paris, auteur de nombreux ouvrages sur la philosophie antique et en particulier sur Socrate et le socratisme, qui s'est aussi intéressée à la dimension philosophique de ce qu'elle appelle la « révolution chrétienne». Dans son dernier ouvrage N aissances de la philosophie politique et religieuse, paru aux éditions du Pommier (réédition augmentée d’un livre publié en 2006), elle nous fait remonter très loin en des temps de naissances - naissances de la philosophie politique et religieuse précisément ; elle nous donne à comprendre à quel point Platon, Cicéron, Jésus ou Paul de Tarse sont nos contemporains et ce faisant, elle nous permet de comprendre d’où nous venons, de quoi nous sommes constitués et surtout en quoi notre culture politique a des racines profondément spirituelles que nous avons oubliées. Or, "oublier le passé, c’est ne plus rien comprendre au présent et perdre sa faculté de juger, de penser, de décider, d’agir," dit-elle. N’est-ce d’ailleurs cette conviction que les grands textes du passé éclairent le présent qui est à l’origine de son intérêt pour l’antiquité ?
A lire : L'étoile d'Alep par Anne Baudart
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