#MetooUniv, la révolte des étudiantes marocaines

#MeToo
#MeToo ©Getty - Mykhaloi Polenok
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Les langues se délient dans plusieurs universités marocaines. Depuis quelques mois, des centaines d'étudiantes témoignent de violences sexuelles de la part de leurs professeurs sous le #MeTooUniv. La honte semble enfin changer de camp dans le royaume.

Des professeurs poursuivis en justice, une omerta qui se brise. Depuis plusieurs semaines, un scandale inédit éclabousse les universités marocaines de Settat, Casablanca, Oujda et Tanger.

Chantage sexuel

Connu sous le nom de "****sexe contre bonnes notes". La plupart de ces affaires concernent des professeurs abusant de leurs positions d’autorité. Si les étudiantes refusent d’avoir des relations sexuelles avec eux, ils dévaluent leurs travaux universitaires – certaines victimes racontent avoir coupé court à leurs études à la suite de ce chantage.

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Des captures d’écran de conversations ont été publiées : il y était question de "séance de fellation" contre la validation du semestre. Et lorsque certaines étudiantes menaçaient de se plaindre, un agresseur répondait que "cela ne changera rien même si tu vas chez le ministre” écrivait-il imprudemment sur Messenger.

Plus vicieux encore, un professeur de droit de l’université de Settat au sud de Casablanca - aujourd’hui en détention préventive et poursuivi pour harcèlement sexuel - proposait en 2017 à ses élèves comme sujet d'examen de contentieux administratif l'intitulé suivant : “Si un professeur propose à une étudiante de lui accorder des notes généreuses, non méritées, en échange de faveurs sexuelles sous la contrainte, et que les messages entre les deux parties sont publiés sur les réseaux sociaux, quelle est la qualification juridique de cet acte ?”

À vrai dire, cela faisait des années que les élèves tentaient de dénoncer les abus sexuels et viols de façon interne dans leurs universités, mais elles avaient été très rarement écoutées et souvent rejetées.

#MeTooUniv : les réseaux sociaux, un levier de la libération de la parole

L’usage par les Marocaines des réseaux sociaux a donc changé la donne : la parole s’est libérée grâce au #MeTooUniv. Sur Instagram les comptes 7achak, 50 000 abonnés et MarrocanOutlaws, 52 000 abonnés (le collectif lancé par l’écrivaine Leila Slimani et la réalisatrice Sonia Terrab) ont mené des campagnes pour inciter les victimes à parler sur Twitter.

Une gageure au Maroc. Car porter plainte contre son agresseur est une démarche très rare dans une société conservatrice qui pousse le plus souvent les victimes de violences sexuelles à se taire, par peur de représailles, du regard des autres ou pour sauvegarder la réputation de la famille.

Depuis lundi, sept enseignants comparaissent devant la justice marocaines à Casablanca. Ils doivent répondre à des accusations publiques de harcèlement sexuel, voire de viols, selon la définition française, pour des faits qui remonteraient jusqu’à 2007.

Hier, un professeur de sciences économiques de l’université de Settat a été condamné à deux ans de prison ferme. Quatre autres professeurs d'université, dont deux sont en liberté provisoire et doivent comparaître aujourd’hui dans le cadre du même scandale. L'une des plaignantes a néanmoins renoncé à toute poursuite judiciaire en échange d'un dédommagement de 70.000 dirhams soit 6.640 euros.

Les Enjeux des réseaux sociaux
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