Meta, Google, la Russie : chacun se bat pour sa liberté d’expression

"Roskomnadzor lit la constitution !" lors d'un rassemblement de l'opposition à Moscou le 13 mai 2018 pour exiger la liberté d'internet en Russie.
"Roskomnadzor lit la constitution !" lors d'un rassemblement de l'opposition à Moscou le 13 mai 2018 pour exiger la liberté d'internet en Russie. ©AFP - Maxim ZMEYEV
"Roskomnadzor lit la constitution !" lors d'un rassemblement de l'opposition à Moscou le 13 mai 2018 pour exiger la liberté d'internet en Russie. ©AFP - Maxim ZMEYEV
"Roskomnadzor lit la constitution !" lors d'un rassemblement de l'opposition à Moscou le 13 mai 2018 pour exiger la liberté d'internet en Russie. ©AFP - Maxim ZMEYEV
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La guerre entre les big tech américaines et l’Etat russe a connu le week-end dernier un nouvel épisode. La page Facebook du chef de la délégation Russe qui en ce moment à Vienne négocie avec les Américains sur la question ukrainienne, a été suspendue vendredi, pour "contenus illégaux."

Pour Sergueï Ryabkov, vice-ministre russe aux affaires étrangères, ces actions illégales sont l'œuvre des diplomates américains pour faire pression sur Moscou. Les représentants américains auraient donné l'ordre à Meta de bloquer les comptes des représentants russes au sommet de la discussion pour les empêcher de rendre public les résultats du sommet.

Après la protestation véhémente du gendarme russe des télécoms, RoskomNadzor, la page Facebook a finalement été rétablie hier. Mais Meta n’a pas donné d’explications. Cet épisode mystérieux fait aussi suite à une cyber-attaque en langue russe, polonaise et ukrainienne qui a visé jeudi dernier des sites gouvernementaux et d’ONG ukrainiens. Une cyber-attaque qui, selon le ministre ukrainien de la transition numérique, aurait été menée depuis la Russie.

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Côté russe, le pouvoir perçoit les grandes entreprises de technologie comme des agents déstabilisateurs. Il y a quelques mois, le patron de l'autorité de régulation des médias Roskomnadzor, Andrei Lipov, a déclaré que les réseaux sociaux ont l’obligation de trouver et de supprimer ce qui concerne "la pornographie enfantine, le suicide, les drogues, l'extrémisme et les fausses nouvelles".

Mais, comme l’explique Andreï Zakharov, un journaliste russe travaillant pour la BBC et expulsé de son pays depuis, un examen attentif des plus de 600 messages répertoriés dans les procédures judiciaires contre Google, Facebook, et Twitter en Russie révèle que neuf messages seulement concernent la maltraitance des enfants ou la drogue, et que douze autres font référence au suicide. L'écrasante majorité sont des appels à participer à des manifestations pro-Navalny, l’opposant à Vladimir Poutine.

Au cœur de l’affrontement entre Facebook et l’état Russe, un post a concentré toute l’attention : celui d’un poète russe qui en 2018 a publié une caricature sur son compte Facebook. Elle montrait l'aigle bicéphale des armoiries russes, les têtes de l'oiseau étant remplacées par les visages du président Vladimir Poutine et du Premier ministre de l'époque, Dmitri Medvedev.

Il était accompagné d'un court poème alléguant que l'aigle était deux fois plus avide que les autres, mentait deux fois plus et exerçait une surveillance avec ses quatre yeux. Il se terminait par ce cri : "Quand les Russes se réveilleront-ils pour éliminer cette contagion ?"

En décembre Meta a écopé d’une amende de 27 millions de dollars et Google de 87 millions de dollars pour ne pas avoir supprimé des contenus que Moscou juge illégal.

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