Malaises dans les services publics : des acteurs alertent les réseaux sociaux

Sur Twitter et d'autres réseaux, les employés des services publics qui partagent leur grogne sur la dégradation de leurs conditions de travail sont de plus en plus nombreux. Il s'agit de récits à la première personne, révélateurs des dysfonctionnements des institutions publiques, jusqu’à fédérer des mouvements de protestation autour d’eux.

Tweeter le quotidien de l'hôpital à Laval

Premier exemple : la santé. À Laval, en Mayenne, depuis l’hôpital où deux tiers du personnel sont en grève illimitée depuis deux mois pour protester contre un manque chronique de soignants, la cheffe du service des urgences tweete à son millier d’abonnés pour raconter son quotidien, entre interventions et réunions. Caroline Brémaud se filme à 8 heures du matin devant un tableau de patients vide : les urgences étaient fermées la nuit, en raison de la grève et du manque de soignants. Un autre jour, elle raconte être rentrée de vacances pour travailler, ou encore fait défiler les chiffres de l’hôpital sur les notes mélancoliques de The Sound of Silence.

#justicemalade

Les magistrats aussi ont choisi les réseaux sociaux pour être entendus des politiques, même s'ils restent anonymes en raison de leur devoir de réserve. Beaucoup de ces magistrats se défendent de constats accusatoires de la part des citoyens. 

Exemple, sous le #justicemalade, de nombreux internautes s'émeuvent des délais de procédures, comme dans le cas de cette victime d’un chauffard, mort trois ans après les faits mais avant la date d’audience au tribunal. Réponse de “Maître Eolas” un avocat qui anime sous pseudo un compte suivi par 360 000 personnes : “ Non madame, “ils” n’ont pas attendu qu’il meure. “Ils” avaient des dossiers à juger qui attendent tous depuis 3 ans. Et “ceux” qui sont responsables de cette situation ne sont pas l’objet de votre colère, ce qui les conforte.“

Une magistrate en région elle aussi anonyme derrière le compte “juge dread” tweete : “parfois je me compare au séléctionneur de l’équipe de France, j ai 60 millions de critiques, tous prêts à m’expliquer mon job, alors qu’ils ne se sont jamais mis une seule seconde à ma place.” De nombreux autres magistrats tweetent avoir interrompu leurs vacances ou leur congé maladie pour revenir travailler.

Les profs aussi ont le blues 

Certains profs sont eux aussi mobilisés sur Twitter autour du manque de moyens dans l'Education Nationale. Pour Sophie Vénétitay, 3 700 abonnés, prof de SES dans l’Essonne, Jean-Michel Blanquer vit dans le métavers. L’enseignante au collège cite le ministre de l’Education Nationale, qui a déclaré rencontrer beaucoup de professeurs qui ne se sentiraient pas du tout méprisés. "On a les image de cette rencontre" ajoute-t-elle, publiant une photo de Jean-Michel Blanquer casque de réalité virtuelle sur la tête.