- Georges Courade directeur de recherche honoraire à l’Institut de recherche pour le développement (IRD)
L’Afrique va continuer à croître démographiquement d’une façon remarquable. Mais elle ne représente qu’environ 3 % des échanges mondiaux. Et, pour se développer, l’industrialisation sera capitale. Or, celle-ci est très embryonnaire. On dénombre deux poids lourds (Nigeria, Afrique du Sud), quelques pays émergents ou pré-émergents, souvent anglophones (Zambie, Ghana, Tanzanie, Éthiopie, Ouganda, île Maurice, Côte d’Ivoire, Kenya…).
Les secteurs privilégiés : l’automobile, la chimie, le raffinage, l’alimentation, les machines électriques.
Cela dit, des freins manifestent s’opposent à plus d’industrialisation. Entres autres, administration, réglementation, infrastructures, faiblesse du marché intérieur, réglementation… Comment vaincre ceux-ci ?
Aux Nations unies , on sait bien que des politiques commerciales volontaristes peuvent favoriser la croissance en Afrique et que le commerce est au service de l’industrialisation du continent. Mais attention : bien que la Chine ait des opérations minières à travers l'Afrique et qu’elle intervienne largement dans la réalisation d’infrastructures, elle importe sur le continent une grande partie des équipements et de la main-d'œuvre sans aucun transfert de compétences. «La Chine prend nos matières premières et nous vend des produits manufacturés, alerte un ancien banquier africain.
**Au Fonds Monétaire international, ** on se réjouit que la croissance reste vigoureuse en Afrique subsaharienne, malgré de forts vents contraires : elle devrait ralentir à cause de la chute des cours du pétrole et des produits de base.
Un rapport commun de l’OCDE, de l’ONU, de l’Union Européenne et de la Banque Africaine de Développement on se réjouit également que si l’économie mondiale reprend des couleurs et si les prévisions se révèlent correctes, alors l’Afrique devrait bientôt renouer avec les impressionnants taux de croissance d’avant la crise économique mondiale débutée en 2008.
A la Banque Mondiale , la publication du rapprt économique Africa’s Pulse aussi le constat est prometteur : des décennies de croissance ininterrompue transforment peu à peu les économies africaines. L’Afrique subsaharienne devrait rester l'une des régions du monde à la croissance la plus rapide. Bien que le modèle de croissance de l’Afrique subsaharienne soit passé à côté de l’industrialisation, élargir sa base industrielle, en améliorant les fondamentaux avec des coûts moins élevés de transport, des sources d’énergie plus fiables et bon marché et une main d’œuvre plus éduquée, profiterait à l’ensemble des secteurs économiques africains.
Tous les 20 novembre, la communauté internationale et plus particulièrement les pays africains célèbrent la journée de l'industrialisation de l'Afrique. Une journée pour inciter ces pays à s'engager davantage dans le processus industriel, pour susciter une prise de conscience au niveau mondial et mobiliser l'appui international en faveur du développement industriel de l'Afrique. Il n'est sans doute guère utile de rappeler que la moitié de la population de l'Afrique dispose de moins d'un dollar par jour pour vivre et que 34 des 48 pays les moins avancés se trouvent en Afrique.
**A Genève, ** l’International Centre for Trade and Sustainable Development on est sur la même longueur d'onde : le commerce peut contribuer à accélérer l’industrialisation et la transformation structurelle de l’Afrique. Mais, pour progresser réellement sur la voie de l’industrialisation par le biais du commerce, les pays africains devraient également passer en revue les divers accords qu’ils ont signés afin de tirer profit de leurs marges de manœuvre.
Comme la grand majorité des organismes économiques occidentaux, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), prône l’industrialisation du continent par le biais du développement rapide du commerce.
Enfin, pour évoquer de manière plus pragmatique un cas particulier,** au Congo,** l’industrialisation est considérée comme la pierre de voûte de la diversification économique. L’économie congolaise demeure encore très dépendante de la rente pétrolière, qui représentait l’année dernière plus de 80 % de ses revenus.Mais, par exemple dans le secteur du ciment, indispensable au développement de la construction, « le Congo vise l’autosuffisance d’ici à deux ans », promet Isidore Mvouba. A ce rythme, le pays deviendra rapidement producteur-exportateur pour le compte de ses voisins dans la sous-région. Une véritable révolution.
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