Amérique latine. Le ralentissement de l’économie.

France Culture
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On a toujours scrupule à généraliser, a fortiori dans un espace latino-américain si divers et si complexe. Mais, depuis cinq ans, la croissance est en baisse régulière dans l’ensemble de l’Amérique latine, Mexique excepté. Et 83 % du PIB de la région sont assurés par les seuls Brésil, Mexique, Argentine, Colombie et Chili. En outre, depuis quelques années, la Chine est devenue le premier partenaire du Brésil, détrônant les États-Unis. D’autres pays latino-américains sont dépendants de Pékin, client important. Or, la bonne santé de l’économie chinoise a été remise en question : inquiétudes boursières de cet été, moindre croissance, etc. La récession est réelle au Brésil et plane sur l’Argentine.

Enfin, sur le plan mondial, la baisse du cours du baril et celle du prix des denrées alimentaires (surproduction) ont récemment aggravé certaines situations : nombre de ces pays sont de grands exportateurs de matières premières (hydrocarbures, minerais, agriculture). Cette mauvaise passe semble donc plus structurelle que conjoncturelle.

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 Rousseff receives the MERCOSUR flag from Kirchner
Rousseff receives the MERCOSUR flag from Kirchner
© Reuters

L'Amérique latine est la dernière arrivée dans le cercle peu enviable des régions touchées par la crise. Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Iris nous résume ici le contexte économique du continent.

A Paris , on trouve dans les archives de l’OCDE un tableau synthétique qui donnait les principales prévisions pour le Brésil, pour le Chili, pour le Mexique et pour les îles Caraïbes sur ces trois dernières années (2013 à 2015).

On y prodigue aussi quelques conseils basiques à destination des gouvernements sud-américains : ces pays doivent profiter de leur récente croissance pour développer les secteurs à plus haute intensité de savoir, en investissant dans la R&D, en aidant les entreprises nouvelles et en développant les compétences requises pour exploiter les possibilités mondiales. En même temps, il faut assurer à la classe moyenne émergente des biens et des services publics plus nombreux et de meilleure qualité.

Et la chaîne publique franco-allemande arte diffuse justement cette semaine un documentaire retraçant l'histoire économique du Brésil, remontant à l'abolotion de l'esclavage en 1888. Un chronologie vue à travers l'histoire de deux familles de Rio de Janeiro : " Un géant endormi ", c'est ainsi que les Brésiliens eux-mêmes ont longtemps appelé leur pays.

A Washington , la Banque Mondiale tape du poing sur la table en estimant que le ralentissement économique sud-américain exige de nouvelles réponses. Son économiste spécialisé sur la région, Augusto de la Torre, n’hésite pas au déclarer que « La tâche est ardue et elle prendra du temps, mais nous montrerons ainsi que nous avons tiré les leçons de l’expérience. »

Au Chili , la voix de l’ancien ministre de l’Economie du Chili, actuellement Président de la Fondation Chile XXI, Carlos Ominamicompte parmi les observateurs qui s’expriment à l’international. On le retrouve ici filmé en langue française dans une vidéo tournée à l'occasion d'une conférence qui s’est tenue au printemps de cette année à l'IRIS** : ** quels lendemains politiques pour le Chili et l’Amérique latine, déstabilisés par des turbulences économiques ? **Au Brésil, ** Fernando Cardim de Carvalho, économiste à l’Université fédérale de Rio, s’alarme de constater que "le pays est à l'arrêt et qu’aucun parti politique ne semble avoir la force de trouver une stratégie pour une politique économique politique prometteuse » (ici en langue originale espagnole).

Sur le blog Vision Brésil, le jugement est sévère : « Il n’y a rien de plus pathétique en économie qu’un malade qui ne veut pas se traiter ou qui veut débattre de médecine avec le médecin ». La crise va aussi exacerber les inégalités, faisant renouer le Brésil avec un de ses pires fléaux, celui de l’injustice économique et sociale, après 15 ans d’effort pour tenter d’éradiquer la grande pauvreté et de faire émerger une classe moyenne.

Mais au Venezuela , on n’hésite pas à reposer aussi une question qui était omniprésente au XXème siècle : en utilisant leur puissance militaire et leur influence politique, les Etats-Unis, s’opposent-ils à un développement économique indépendant des pays d’Amérique latine qu’ils aiment voir sous leur influence dominatrice ?

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