« Très inquiétante pour la sécurité énergétique » disait hier le directeur de l’AIE, après une deuxième attaque en un mois contre des pétroliers au large d'Oman. 20 % du pétrole mondial y transite mais jusqu'ici pas de choc pétrolier. Les marchés sont-ils prudents ou trop optimistes ?
- Francis Perrin Chercheur, spécialiste des problématiques énergétiques
L'attaque de deux pétroliers le 13 juin au large d'Oman, un mois après le sabotage de quatre autres navires dans la même région, accroît les tensions dans le Golfe. L’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et les Etats-Unis accusent l'Iran d'être responsable de ces attaques et de la montée des tensions dans la région. Mais de son côté, et alors que les attaques sont survenues le jour de la visite à Téhéran du premier ministre japonais, Shinzo Abe, l'Iran rejette ces accusations, reprochant à Washington un "sabotage diplomatique". Téhéran dénonce par ailleurs les sanctions américaines, perçues comme un acte de guerre et comme principal facteur de l'escalade actuelle. En résumé, chaque camp tente de faire porter la responsabilité de l’escalade par l’autre partie.
Depuis quelques mois, Téhéran a adopté une politique plus agressive envers les Etats-Unis, menaçant d’utiliser ses capacités de riposte et de fermer le détroit d'Ormuz face à la guerre économique à laquelle Washington le soumet. Il est vrai que les sanctions américaines ont atteint un niveau inédit, frappant principalement les exportations de pétrole : 90 % des recettes d'exportations iraniennes sont aujourd'hui menacées.
Poumon pétrolier mondial
Les attaques ont poussé a une légère hausse des prix - de 2,2 % -, une hausse significative mais pas considérable pour l'équilibre pétrolier mondial. Si le marché mondial varie facilement face à ces attaques, c'est surtout parce que le détroit d'Ormuz se situe à un endroit stratégique. Situé entre l'Iran, Oman et les Emirats arabes Unis, il est entouré des pays comptant parmi les plus grands producteurs de pétrole. La quasi totalité des exportations de l'Iran, de l'Arabie saoudite du Koweït, du Qatar et du Bahrein y transite - près d'un tiers des 60 millions de barils de produits pétroliers y passent chaque jour -. Il est aussi la porte d'entrée et de sortie du neuvieme port commercial de la planète - Jebel Ali à Dubaï -. Enfin, il est un détroit d'autant plus stratégique que très peu d'alternatives existent pour le contourner.
"Les attaques en mer d'Oman sont préoccupantes car nous parlons d'une région - la région du Golfe - qui est le poumon pétrolier mondial." Francis Perrin
De fait, ce n'est pas la première fois que des tensions éclatent dans cette zone : son caractère stratégique pour les pays riverains comme pour l'économie mondiale en fait une cible privilégiée en cas de conflit, comme en 2011 où Téhéran avait déjà menacé de fermer l'accès à ces eaux. Preuve que l'économie de l'or noir est dépendante des contraintes géograpiques et du contexte goéopolitique d'une région.
Alors, le regain de tension dans les eaux du Golfe, va-t-il inciter les Etats-Unis à renforcer leur présence dans la région ? Comment vont réagir les puissances régionales ? Et quelle sera la réaction iranienne ?
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