

Le 19 décembre, Gabriel Boric est devenu à trente-cinq ans, le président le plus jeune et le plus confortablement au Chili depuis le retour de la démocratie. Il a battu un candidat d'extrême droite, en défendant un programme résolument progressiste et social, dans l'esprit de la révolte de 2019.
- Franck Gaudichaud Professeur d’études latino-américaines à l’Université Toulouse - Jean Jaurès
Avant de devenir le très jeune président du Chili dimanche en l’emportant de plus de dix points face à son adversaire d’extrême-droite José Antonio Kast, Gabriel Boric était connu des Chiliens depuis 2011 : à 25 ans il était la figure d’un grand mouvement social pour l’éducation gratuite.
Huit ans plus tard quand éclate la révolte populaire et sociale, le 7 octobre 2019, d’abord à Santiago après l’augmentation de l’équivalent de trois centimes d’euros du ticket de métro, sur fond d’inflation constante… Gabriel Boric s’empare des revendications exprimées dans la rue mais forcées de se taire par l’arrivée du Covid, et en fait ensuite son programme de campagne.
Pour autant est-il le président décrit ici comme d’extrême-gauche, et quelles seront ses marges de manœuvre dans un pays toujours en grande difficulté économique ?
Avec Franck Gaudichaud, professeur d’études latino-américaines à l’Université Toulouse - Jean Jaurès.
Si on regarde froidement le programme de Gabriel Boric, c'est un programme très graduel, on pourrait dire "social-démocrate" en France. Il a même lui-même insisté pour dire que ce serait une politique des petits pas avec une réforme fiscale, une réforme sociale, mais dans un cadre vraiment institutionnel et modéré. Mais une partie de la droite et de l'extrême-droite chiliennes le renvoie en permanence à ses alliances puisqu'il est allié avec le Parti communiste. Le front anticommuniste reste très fort au Chili, même si le PC chilien lui-même est un parti qui a gouverné avec Michelle Bachelet et qui a montré qu'il était somme toute très, très capable d'accepter les règles du jeu. Franck Gaudichaud
Gabriel Boric, c'est une nouvelle génération qui n'a pas connu la dictature, qui peut en même temps se revendiquer du symbole que représente Salvador Allende, mort dans le palais présidentiel en défendant son mandat..., et aussi regarder les premiers gouvernements de la transition avec un œil critique. Mais Monsieur Boric a bien fait attention à ne pas être ramené en permanence à cette époque-là, justement parce qu'elle reste un trauma pour beaucoup de Chiliens. Il a vraiment été très précautionneux pour plutôt s'inscrire dans l'héritage de la transition démocratique tout en critiquant les limites de cette démocratisation qui reste partielle. Franck Gaudichaud
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