Au Liban, l'impunité est-elle une fatalité ?

Rassemblement à Beyrouth en hommage à Lokman Slim, intellectuel et activiste libanais chiite assassiné, le 4 février.
Rassemblement à Beyrouth en hommage à Lokman Slim, intellectuel et activiste libanais chiite assassiné, le 4 février. ©AFP - ANWAR AMRO
Rassemblement à Beyrouth en hommage à Lokman Slim, intellectuel et activiste libanais chiite assassiné, le 4 février. ©AFP - ANWAR AMRO
Rassemblement à Beyrouth en hommage à Lokman Slim, intellectuel et activiste libanais chiite assassiné, le 4 février. ©AFP - ANWAR AMRO
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Que ce soit après l'assassinat de l'intellectuel libanais Lokman Slim dans le sud du Liban il y a six jours, ou après la double explosion dans le port de Beyrouth l'été dernier, tout parait concourir à ce que les enquêtes n'avancent pas. Une tradition d'impunité que déplore le chercheur Ziad Majed.

Avec
  • Ziad Majed Chercheur et politiste franco-libanais, professeur et directeur du programme des études du Moyen-Orient à l'Université américaine de Paris

Laïc et indépendant, chiite mais opposant opiniâtre au Hezbollah, l'éditeur et écrivain Lokman Slim a été retrouvé mort la semaine dernière dans le sud du Liban, dans une voiture de location, tué de plusieurs balles dans la tête et dans le dos.

Si le Hezbollah ne revendique jamais les meurtres qu’on lui impute pour ne pas compromettre ses activités politiques, tous les proches de Lokman Slim voient dans son assassinat la marque du Parti de Dieu, qu’il défiait par son travail et ses prises de position.

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Quelques jours avant sa mort, Lokman Slim avait accusé le régime syrien d’être responsable de la présence dans le port, du stock de nitrate d’ammonium à l'origine de la double explosion dans le port de Beyrouth l'été dernier. Une thèse également exposée par un journaliste indépendant Firas Hatoum - mais le bâtonnier de Beyrouth, lui, continue à dire que "l’enquête est au point mort".

Depuis l'assassinat de Lokman Slim il y a six jours, la scène du crime n'a pas été sérieusement "isolée" pour que l'enquête puisse commencer. Cela nous rappelle de toute façon toutes les enquêtes sur les assassinats politiques au Liban, où jamais il y a eu un travail sérieux pour des raisons à la fois politiques, pour des raisons reliées à l'indépendance du système judiciaire, et aussi à cause de la terreur que les assassinats évoquent en souvenir. Certains enquêteurs ont été eux-mêmes visés dans le passé. On a donc l'impression que cette enquête-là n'est pas sérieuse.    Ziad Majed 

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