Au Mexique, la crise sanitaire a-t-elle renforcé les "cartels" de la drogue ?

Des employées de la fondation Alejandrina Guzman Foundation, fille du baron de la drogue mexicain Joaquin "El Chapo" Guzman, distribuent des cartons de biens de première nécessité, à l'effigie d'El Chapo. A Guadalajara au Mexique en avril 2020.
Des employées de la fondation Alejandrina Guzman Foundation, fille du baron de la drogue mexicain Joaquin "El Chapo" Guzman, distribuent des cartons de biens de première nécessité, à l'effigie d'El Chapo. A Guadalajara au Mexique en avril 2020. ©AFP - ULISES RUIZ /
Des employées de la fondation Alejandrina Guzman Foundation, fille du baron de la drogue mexicain Joaquin "El Chapo" Guzman, distribuent des cartons de biens de première nécessité, à l'effigie d'El Chapo. A Guadalajara au Mexique en avril 2020. ©AFP - ULISES RUIZ /
Des employées de la fondation Alejandrina Guzman Foundation, fille du baron de la drogue mexicain Joaquin "El Chapo" Guzman, distribuent des cartons de biens de première nécessité, à l'effigie d'El Chapo. A Guadalajara au Mexique en avril 2020. ©AFP - ULISES RUIZ /
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En 2020 au Mexique, 35 484 personnes sont mortes dans les violences liées au trafic de drogue, malgré les restrictions liées à la pandémie. Les Etats-Unis continuent leur mission d'assistance, et ont arrêté la femme d'El Chapo la semaine dernière. Entretien avec le chercheur Romain Le Cour.

Avec
  • Romain Le Cour Grandmaison Docteur en Science Politique de l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et Expert Senior chez Global Initiative.

C’était le deuxième sommet bilatéral du mandat de Joe Biden, et toujours dans  son voisinage proche : après le premier ministre canadien Justin Trudeau, Andres Manuel Lopez Obrador s’est vu apparaître sur écran géant dans son bureau de la Maison blanche…. Et si le président américain a assuré que ses méthodes seraient différentes de son prédécesseur, que lui ne construirait jamais de mur…. Joe Biden a le même objectif que Donald Trump : réduire l’immigration illégale à la frontière.

De lutte contre le trafic de drogue en revanche, il n’a pas été question, alors que le Mexique reste l’un des pays les plus meurtriers au monde avec 35 484 morts l'année dernière (malgré les restrictions liées à la pandémie). Les Etats-Unis prennent une part active à la guerre contre la drogue, et ce depuis le président Nixon ; c’est d’ailleurs à Washington, à l’aéroport, qu’a été arrêtée la semaine dernière Emma Coronel, laquelle se trouve par ailleurs être la femme d’El Chapo ...

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Ce que l'on commence à observer, c'est que l'impact de la pandémie sur le trafic de drogue a été minime, tant à la frontière que sur le territoire mexicain. La drogue entre le Mexique et les Etats-Unis passe en immense partie par des réseaux qui tiennent aux échanges commerciaux légaux entre le Mexique et les États-Unis. Or, la pandémie n'a fait que limiter ces échanges légaux pendant quelque temps. Si ralentissement il y a eu c'est sur le passage des personnes qui traversent quotidiennement la frontière à pieds entre les deux pays. Mais tout est rentré dans l'ordre.        Romain Le Cour Grandmaison

On a pu voir une série de vidéos, de messages postés par des organisations criminelles qui se filmaient en train de distribuer de l'aide alimentaire au Mexique, ou venant en aide aux populations. Je crois qu'il faut raison garder sur ce type de pratique, et la façon dont elles sont surtout très peu analysées ou très peu mises en perspective. Le fait de poster ce genre de vidéos indique que des hommes, sont, à un instant T, en train de distribuer une aide alimentaire. Cela ne veut pas du tout dire que les organisations se substituent à l'Etat sur le long terme. Je crois au contraire qu'il faut être capable de voir qu'au Mexique, les cartels ne sont pas en guerre contre l'Etat. Les cartels cherchent avant tout à entrer avec les autorités publiques dans des relations qui leur seraient bénéfiques, ce qui passe tout à la fois par la collaboration, la corruption, et des affrontements. De ce point de vue là, je crois que la pandémie n'a pas fait exploser le pouvoir des cartels, comme on peut le lire ici ou là. Je crois que le vrai impact, en revanche, est social et économique au Mexique. La crise économique est terrible, notamment due à la pandémie. Et ce contexte social très dégradé ne peut qu'aller au détriment de la relation entre l'État et la population.      Romain Le Cour Grandmaison

Revue de presse internationale
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