

Entre octobre 2016 et décembre 2017, 140 000 Rohingyas musulmans de l’Etat Rakhine (Arakan) avaient fui l’armée birmane vers le Bangladesh. Le rapport du Haut Commissariat aux Réfugiés est clair : meurtres de masses, viols collectifs, villages brûlés et passage des terres au bulldozer…
- Alexandra de Mersan anthropologue, en délégation à l'Institut de Recherche sur l'Asie du Sud-Est Contemporaine (IRASEC)
Les enquêteurs ne sont pas entrés en Birmanie, mais ils ont eu de nombreux témoignages recueillis au Bangladesh auprès des réfugiés, mais aussi en Malaisie. Alexandra de Mersan
La liste des violences commises par l’armée est longue. Plus encore, les trois rapporteurs de l’ONU y voient assez de systématisme pour engager une « intention génocidaire » de la part de l’armée (Tatmadaw). Pour l’instant six militaires dont le Commandant en chef de l’armée le général Ming Aung Hlaing sont mis en cause. Le rapport est sévère aussi envers la première ministre Aung San Suu Kyi, dont le silence au moment des violences, et le soutien à l’armée contre les « terroristes » est jugé complice.
Les possibilités de poursuites réelles sont cependant minces. Comme en 2017, le Myanmar a rejeté ce rapport du HCR 2017 dont l’enquête n’avait pas été autorisée. Plus encore, toute mise en place d’une juridiction légitime (ou presque) devra passer par un vote du Conseil de Sécurité où la Birmanie y est soutenue par la Russie et la Chine pour qui le Myanmar est stratégique en Asie du Sud-Est : le projet de corridor économique Kunming-Kyaukpyu, du Yunnan jusqu’à l’Etat Rakhine, est la voie choisie par Pékin pour éviter à terme de passer par le détroit de Malacca.
Les Birmans sont encore très attachés à Aung San Suu Kyi et la population continue de détester l’armée. Mais on sent un sentiment croissant envers les étrangers de par la pression internationale extrêmement intense qui s’est développée. Alexandra de Mersan
Les autres diplomaties ont reçu prudemment le rapport. Dans un régime à deux têtes autonomes, l’armée et le pouvoir civil, des poursuites contre des militaires impliqueraient un changement politique majeur ; il mettrait en péril des intérêts étrangers et l’équilibre politique actuel : qui y est vraiment prêt ?

Inalco @Inalco_officiel
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