Entretien avec le chercheur Patrick Haenni.
- Patrick Haenni chercheur à l’Institut Universitaire européen de Florence
Hayat Tahrir Al-Cham (HTS) est l’organisation islamiste qui gouverne aujourd’hui Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, pas très loin de la frontière turque et à une heure de route de la capitale Alep…
HTS est l’ancienne filiale syrienne d’Al-Qaeda.
On a pris l’habitude de dire qu’il existe trois Syrie aujourd’hui : celle du régime, celle des Kurdes dans le nord-est et celle des islamistes d’Idlib.
Alors que se tient aujourd’hui une conférence à Bruxelles sur l’avenir de la Syrie, la cinquième organisée par l’Union européenne… trois chercheurs appellent à reconnaître le mouvement islamiste HTS - tout comme les Forces syriennes démocratiques, ce mouvement kurde émanation du PKK. Les reconnaître et les aider à se stabiliser, pour défaire durablement, écrivent ces chercheurs, l’Etat islamique en Syrie.
Hayat Tahrir Al-Cham est en fait un acteur militaire contraint de faire faire du contrôle territorial sans avoir vraiment les moyens. Il a très peu de moyens, très peu de ressources humaines et financières. Et donc, il a tendance à déléguer, aux classes moyennes locales, celles qui sont restées sur place et qui sont toutes islamistes et révolutionnaires. Ou alors, il sous-traite tout ce qui est possible à l'ONU, et aux ONG étrangères encore investies sur place. Patrick Haenni
Nous n'appelons pas à "soutenir" le HTS. Ce que l'on dit, c'est qu'il faut être réaliste. [...] HTS sait que le grand enjeu n'est plus la guerre, mais la gouvernance. Et qu'en la matière, il ne peut pas tenir seul aujourd'hui. Cela donne un levier d'influence énorme pour les pousser à une dynamique de transformation, pour les rendre plus acceptables, au moins au niveau local. Ce mouvement cherche la reconnaissance internationale parce qu'il sait que c'est le seul moyen de survivre pour lui. Soit on les ignore et on ne pense notre rapport à eux que dans une logique de contre-insurrection, et ça, l'Occident n'en a juste pas les moyens. Ou alors il faut considérer qu'il y a un fait accompli qui est en train de se construire. Et le mieux qu'on puisse faire, c'est justement de les pousser à se transformer, de les rendre plus acceptables pour les populations, pour les populations locales, mais également pour l'Occident. Patrick Haenni
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