D'après les chiffres présentés hier soir, près d'un tiers des Britanniques ont déjà été vaccinés contre la Covid-19. Après avoir été très critiqué pour sa gestion de la pandémie, Boris Johnson semble redresser la barre. Entretien avec la professeure de civilisation britannique Agnès Alexandre.
- Agnès Alexandre-Collier Professeur en civilisation britannique à l'Université de Bourgogne
La zone de turbulences aura duré toute l’année 2020, juste après les élections législatives de décembre 2019 qui ont été un triomphe pour le Parti conservateur du Premier ministre britannique.
Surveillé de près d’abord pour la progression des négociations avec l’Union européenne sur le Brexit - les syndicats, les fédérations d’entreprise, la Banque d’Angleterre et bien d’autres l’attendaient au tournant - ; blâmé pour sa gestion de la crise sanitaire, responsable d’après ses détracteurs des plus de 120 000 morts du Covid officiellement recensés à ce jour… Boris Johnson est néanmoins le premier à avoir présenté un plan de sortie progressif des mesures de restriction, « prudent mais irréversible » promet-il.
Les chiffres annoncés hier par les autorités britanniques le confortent dans ce choix : plus de 20 millions de Britanniques ont déjà été vaccinés une première fois. Boris Johnson s'en est félicité sur les réseaux sociaux : "Il y a encore un long chemin à parcourir mais nous avançons à grands pas".
Les sondages sont plutôt favorables à Boris Johnson en ce moment, depuis longtemps il est passé au-dessus des 45% d'opinions favorables. C'est bien la preuve que le plan qu'il souhaite a l'air de plaire aux Britanniques. Attendons de voir si sa campagne de vaccination se poursuit comme il le souhaite, mais le plan de déconfinement doit être de toute façon mis en place avec l'ouverture des écoles le 8 mars, et aboutir si tout va bien en juin, avec un déconfinement total. Agnès Alexandre-Collier
Le Parti conservateur s'était engagé, dans son manifeste de 2019, à investir massivement dans les services publics du nord de l'Angleterre (historiquement un des bastions du Parti travailliste). Là, le Parti conservateur est, me semble-t-il, dans une position difficile car lors du premier confinement, des mesures plus strictes ont été prises pour le nord ; le maire de Manchester a énormément critiqué le confinement à deux vitesses décidé par Boris Johnson. Et donc, je pense que là, le Parti conservateur est dans une position un peu délicate. En particulier ces jeunes députés qui attendaient des promesses d'investissements et qui doivent gérer une population finalement mécontente d'avoir fait l'objet d'une sorte d'expérimentation des restrictions par le gouvernement conservateur. Il va falloir que Boris Johnson donne des gages en direction de ces nouveaux électeurs. Agnès Alexandre-Collier
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