

Très fragilisé par les attentats, les attaques de milices chiites et la crise sanitaire, l'Irak reçoit le François aujourd'hui pour trois jours. S'il a fait de cette visite une priorité, le Pape n'a pas prévu de rencontrer la communauté sunnite : une faillle, pour le chercheur Adel Bakawan.
- Adel Bakawan Directeur du Centre français de recherche sur l'Irak (CFRI)
C'est la première fois qu’un chef de l’Eglise catholique se rend en Irak. Le journal La Croix nous apprend que le Pape François évoque régulièrement avec ses interlocuteurs la question de l’Irak, et qu’il parle de ce voyage depuis trois ans, persuadé qu’il est de pouvoir contribuer à la réconciliation nationale.
Le voyage est donc maintenu malgré les contraintes multiples : sanitaires, sécuritaires… A deux jours de la visite, une pluie de roquettes s’abattait sur une installation militaire américaine. Des combats meurtriers entre djihadistes et forces de l’ordre au nord de Bagdad ont eu lieu il y a encore quelques jours, et l’attentat du marché de Bagdad en janvier avait failli avoir raison de ce voyage.
Dans le programme du Pape en Irak il y a une faille que son équipe n'a pas mesurée: aucune visite n'est prévue aux personnes symboliques de la communauté sunnite, déjà abandonnée et marginalisée par les chiites depuis 2003. Adel Bakawan
L'Ayatollah Sistani va rencontrer le Pape. C'est une rencontre sans précédent. C'est la rencontre entre le sommet de l'autorité du christianisme, et le sommet de l'autorité du chiisme. Deux grandes personnalités modérées, avec deux discours sur l'ouverture, sur la tolérance, sur le vivre ensemble, et même sur l'Irakicité même. Mais cette rencontre avec Sistani va bien évidemment déstabiliser à certains niveaux les rapports de force à l'intérieur du champ chiite à l'échelle planétaire. Il y a une conflictualité sur la question de la domination de ce champ chiite, entre l'Ayatollah Sistani en Irak et l'Ayatollah Khameini en Iran. Cette rencontre va renforcer la domination d'ayatollah Sistani en tant que reconnaissance symbolique dans le champ chiite. Adel Bakawan
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