En Irak, les électeurs peuvent-ils gagner la guerre contre l'ingérence ?

Dans un bureau de vote à Al-Hamdaniya, dans la province de Nineve (capitale : Mossoul)
Dans un bureau de vote à Al-Hamdaniya, dans la province de Nineve (capitale : Mossoul) ©AFP - Mazen Mahdi / CrowdSpark
Dans un bureau de vote à Al-Hamdaniya, dans la province de Nineve (capitale : Mossoul) ©AFP - Mazen Mahdi / CrowdSpark
Dans un bureau de vote à Al-Hamdaniya, dans la province de Nineve (capitale : Mossoul) ©AFP - Mazen Mahdi / CrowdSpark
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Ce quatrième scrutin législatif depuis 2005 est le premier organisé après la fin de la guerre contre l’EI. Selon les résultats provisoires, la donne politique est inédite : la victoire des partis d’opposition «indépendants» marque la défaite du Premier Ministre Haider al-Abadi.

Avec
  • Adel Bakawan Directeur du Centre français de recherche sur l'Irak (CFRI)

24 500 000 électeurs pouvaient choisir parmi 87 partis pour élire les 329 députés du Parlement Irakien. Selon les résultats encore provisoires (ils ne seront pleinement connus que demain), le Premier Ministre Haider al-Abadi n’a pas profité de sa victoire militaire contre l’Etat Islamique. Venu au poste après la démission de Nouri al-Maliki, il avait jusqu’ici gagné le soutien de la communauté internationale mais n’a pas obtenu la validation populaire.

Cette fois avec deux partis chiites « indépendants » en tête, le résultat tranche avec 13 années de domination au Parlement de la principale coalition chiite conservatrice de l’Alliance Irakienne unifiée, depuis longtemps accusée d’entretenir la corruption et d’autoritarisme, et en lente désagrégation depuis 2010. Ce résultat traduit aussi un affaiblissement politique de cette coalition sous Haider el-Abadi qui a perdu un allié avec Moqtada al-Sadr et gagné un concurrent avec la milice Hachd al-Chaabi.

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Ce jeu politique plus ouvert favorise la naissance de coalitions tactiques inédites : d’abord l’alliance « du Turban et de la Faucille » entre le Parti chiite de Moqtada al-Sadr et le Parti Communiste Irakien traditionnellement ultra-minoritaire, en raison d’une base électorale sociologiquement proche. Cette coalition « Sa’Iroun » qui signifie « En marche ! » arriverait en tête dans 6 provinces et en seconde position dans 4 sur les 18 que compte l’Irak. Ensuite, la reconversion d’une partie des cadres du Hachd al-Chaabi comme force politique chiite nouvelle.

Rien n’est encore très net : 1 700 000 bulletins au moins de militaires et d’expatriés, et ceux de la province de Ninive (la plus grande où se trouve Mossoul) doivent encore être dépouillés. De plus ce résultat est corrélé à une forte désaffection des électeurs : seulement 44,52 % sont sortis pour votér, selon la Commission électorale.

Si la tendance se confirme, elle renouvellera en partie le paysage politique irakien, et modifiera peut son positionnement international : jusqu’ici Haider al-Abadi avait bénéficié de l’intervention de ses alliés de la coalition et des milices soutenues par l’Iran, tous en guerre contre l’Etat Islamique. L’Etat Islamique disparu, la confrontation des influences va s’exprimer dans les négociations à venir pour former une coalition gouvernementale et dans le choix du nouveau Premier Ministre.  

Ce résultat inédit et l’affaiblissement du « pilier » chiite de l’Alliance Nationale et du parti Daawa d’al Habadi intervient à un moment crucial pour la reconstruction du pays. Malgré la bonne tenue notable de ce scrutin (900 000 soldat mobilisés), l’enjeu sécuritaire est permanent. Et le pays court toujours le risque d’une décomposition sous l’effet des antagonismes entre ses 3 communautés principales : chiites, sunnites et kurdes. Ce risque est aujourd’hui multiplié, avec des communautés (et une socitété irakienne) aujourd’hui sur-militarisées, elles-mêmes politiquement divisées (y compris au Kurdistan), un nouveau clivage qui s’affirme entre chiites nationaliste et chiite pro-Iran et des sunnites minoritaires qui n’ont pas plébiscité leur « libérateur » al-Habadi, qui présentait pourtant les listes les plus ouvertes.

Les enjeux sont multiples et tous liés : sécuritaire, démocratique, géopolitique. Mais une donnée nouvelle est à prendre en compte : la volonté de changement d’une partie des irakiens lassée de la corruption, appauvrie, ou déçue de la classe politique actuelle. Vers qui se tournera cet Irak « anti système » ?

@TEnjeux + @XXMonde

Quelques vidéos pour éclairer en images le thème d'aujourd'hui:

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Carte des différentes communautés en Irak
Carte des différentes communautés en Irak
© AFP - Valentina BRESCHI, Thomas SAINT-CRICQ
Données socio-économiques clés sur l'Irak
Données socio-économiques clés sur l'Irak
© AFP - Gal ROMA, Laurence CHU

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