En Somalie, une "impasse électorale" ou une grave crise constitutionnelle ?

3 personnes ont été tuées et 8 personnes blessées par une attaque à la voiture piégée le 13 février 2021 dans la capitale somalienne  Mogadiscio.
3 personnes ont été tuées et 8 personnes blessées par une attaque à la voiture piégée le 13 février 2021 dans la capitale somalienne  Mogadiscio. ©AFP - Abdirazak Hussein FARAH
3 personnes ont été tuées et 8 personnes blessées par une attaque à la voiture piégée le 13 février 2021 dans la capitale somalienne Mogadiscio. ©AFP - Abdirazak Hussein FARAH
3 personnes ont été tuées et 8 personnes blessées par une attaque à la voiture piégée le 13 février 2021 dans la capitale somalienne Mogadiscio. ©AFP - Abdirazak Hussein FARAH
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Entretien avec le chercheur Roland Marchal.

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Depuis le 8 février dernier, la Somalie est constitutionnellement sans président - bien que celui qui était en poste jusque-là, Mohamed Abdullahi Formajo, s’estime y être toujours à sa place. Mais les élections prévues n’ont finalement pas eu lieu.

Au départ, et pour la première fois depuis 50 ans, elles devaient se tenir sur le principe d’une personne égale une voix… Puis, comme c’était trop ambitieux, un consensus avait été trouvé pour des élections indirectes avec : des chefs de clan qui choisissent des délégués, qui élisent les parlementaires, qui votent enfin pour le président. 

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Mais des désaccords persistaient entre le gouvernement fédéral et certaines des régions autonomes de Somalie… jusqu’à la crise constitutionnelle.

Depuis 2018, le Président somalien a fait des efforts déterminés pour reprendre le contrôle de la direction des États fédérés. Il a réussi, en l'espace d'un an et demi, à reprendre le contrôle - c'est à dire à faire élire, dans des conditions qu'on peut critiquer, des présidents qui sont ses alliés ou ses clients - des Etats du Sud-Ouest, d'Hirshabelle, et Galmudug. Des gens qui sont à sa dévotion. Les deux seuls États dont les présidents ont été élus par des processus qui ne sont peut-être pas démocratiques, mais qui ont en tous les cas été largement endogènes, sont le Jubaland et le Puntland. Et ce sont ces deux Etats qui ont mené l'opposition à Formajo sur le processus électoral.       Roland Marchal

La Constitution somalienne a coûté 16 millions d'euros à l'Union européenne et aux Etats-Unis. On a fait venir beaucoup d'experts, on a fait beaucoup de réunions et finalement, on a une Constitution qui n'a jamais été approuvée par le Parlement. Cela aurait dû "réveiller" la communauté internationale. Peut être qu'en l'occurrence, c'est elle qui a tort et pas les Somaliens. La deuxième question, c'est : on a voulu un modèle fédéral et on ne s'est jamais donné le temps au niveau international d'abord, de se mettre d'accord sur ce qu'on voulait. Les Somaliens sont eux-mêmes pris par toute une série de débats puisqu'une bonne partie de la classe politique somalienne, au delà de Mogadiscio, est composée de gens de la diaspora qui rêvent d'un retour de l'Etat somalien tel qu'ils le rêvent, beaucoup plus que tel qu'il a existé avant la guerre civile. Ils rêvent d'un Etat très centralisateur, ce qui évidemment est aujourd'hui proscrit par la situation politique.       Roland Marchal

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