L’Europe « se détricote » et est déjà une structure à la carte, à plusieurs vitesses, à géométrie variable. Pourquoi, comment et quelles conséquences sur la construction communautaire ?
- Francis Gutmann ambassadeur de France, ancien secrétaire général du Quai d'Orsay
On l’a dit ici même depuis des années, le fédéralisme du traité de Maastricht (1992) est moribond. Les principales causes ont été identifiées : entre autres, le passage de l’économique au politique n’a pas été vraiment assuré. Les élargissements ont été trop nombreux (16 nouveaux membres en 18 ans, ce qui défie l’entendement), trop rapides aussi. La greffe de l’ex-Est n’a pas pris : les sociétés y sont en travail, on enregistre même de fort mouvements et partis populistes ou d’extrême droite.
De l’extérieur, aussi, sont venues de grandes dynamiques déstabilisatrices : la gestion des effets négatifs de la crise mondialisée sur le Vieux Continent, cela depuis 2008 ; les divisions à propos de la relation à la Russie ; plus récemment, les immigrations massives décidées par l’Allemagne.
Pourtant, il y a vingt-cinq ans déjà, il était dit qu’il n’y avait pas de plan B. Th. G.
La bio de notre invité Francis Gutmann est consultable ici.
Les divisions éclatent au grand jour, tout comme l'absence de coordination dans la gestion de la crise des migrants qui provoque une foire d'empoigne entre les dirigeants de tous les pays concernés... et qui a aussi accentué l'inquiétude de Bruxelles face au risque d'une «crise humanitaire» en plein milieu du continent !
Usant de ce marasme, David Cameron en avait plein sa hotte quand il est rentré à Londres. Mais peu de Britanniques voient en lui un Père Noël. Car l’Union n’a d’européenne que le nom. Une structure sans âme, sans identité, sans personnalité. Une construction administrative réduite à ses aspects monétaires (l’euro), à ses réglementations, à la libre circulation des marchandises et des hommes. Jamais un dirigeant de l’Europe n’a essayé de parler de civilisation « européenne », de culture « européenne », de traditions « européennes »
Le nouveau rapport d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde détonne. Aux côtés de pays régulièrement épinglés comme la Chine ou la Russie, la France et l'Europe tiennent cette fois une bonne place. « Tout la partie Europe de notre rapport est importante, cette année » souligne Geneviève Garrigos. La crise des migrants et la lutte contre le terrorisme concernent pratiquement tous les pays européens qui rivalisent de règles pour assurer la sécurité, quitte à se passer d’Europe. « On voit bien qu’il y a une forme de repli et l’émergence d’un discours populiste » ajout-e-elle sans embage.
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