France-Tchad : la "diplomatie en treillis" survivra-t-elle à la mort d'Idriss Déby ?

Le Premier ministre Jean Castex en compagnie d'un soldat français de la force Barkhane à Faya Largeau, au Tchad, le 31 décembre 2020.
Le Premier ministre Jean Castex en compagnie d'un soldat français de la force Barkhane à Faya Largeau, au Tchad, le 31 décembre 2020. ©AFP - Jérémy MAROT
Le Premier ministre Jean Castex en compagnie d'un soldat français de la force Barkhane à Faya Largeau, au Tchad, le 31 décembre 2020. ©AFP - Jérémy MAROT
Le Premier ministre Jean Castex en compagnie d'un soldat français de la force Barkhane à Faya Largeau, au Tchad, le 31 décembre 2020. ©AFP - Jérémy MAROT
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Les militaires français sont présents au Tchad depuis l'indépendance (1960), et ont eu pour Idriss Déby une fascination "de caste" qui explique pour beaucoup les relations spéciales qu'entretiennent encore les deux pays. Entretien avec le professeur émérite de géographie politique Christian Bouquet.

Avec
  • Christian Bouquet Professeur émérite de géographie politique à l’université de Bordeaux-Montaigne, chercheur au Laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM) à Sciences Po Bordeaux

C'est une image qui restera comme une énième rémanence de cette Françafrique dont Emmanuel Macron a souvent dit pourtant combien elle le met mal à l’aise : le président français aux obsèques d’Idriss Déby, au premier rang, à côté du fils d'Idriss Déby en treillis militaire.

Comme il a été rappelé hier dans le Temps du débat sur France Culture, la France certes condamne, aujourd’hui, la répression des manifestations, et assure qu’elle ne validera pas de « plan de succession » tel qu’il semble avoir été lancé par le fils Déby et son Conseil de transition militaire… n’empêche que la première réaction de la France après que la junte a dissous le gouvernement et l’Assemblée, a été d’en prendre acte, sans dénoncer ce qui est pourtant un coup d’Etat.

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Notre invité de ce matin a signé sur le site The Conversation un article sur la « diplomatie en treillis » entre la France et le Tchad… La prévalence des militaires dans les relations franco-tchadiennes survivra-t-elle à la mort d’Idriss Déby ?

Les militaires français ont pu observer Idriss Déby à l'œuvre, d'abord lorsqu'il combattait aux côtés d'Hissène Habré, quand Hissène Habré était encore rebelle. Et puis ils l'ont connu surtout lorsque Idriss Déby est venu à l'Ecole de guerre pendant deux ans, en 1985/1986. Et cela constitue une fraternité d'armes extrêmement solide entre les gens qui font partie de cette catégorie. Ensuite, des militaires français ont continué à le voir se battre sur le terrain - et quand je dis se battre sur le terrain, c'est vraiment sur le terrain. D'abord parce qu'Idriss Déby, une fois au pouvoir en 1990, a eu à faire presque chaque année à des rébellions. Ensuite, il s'est battu - avec beaucoup de courage aux yeux des militaires français - notamment contre Boko Haram l'année dernière, et la guerre contre Boko Haram dans les îles et les presqu'îles du lac Tchad est un exercice extrêmement compliqué. Enfin Idriss Déby est mort au combat et ça, c'est le stade suprême du respect militaire.   Christian Bouquet

La plupart des textes dont nous disposons aujourd'hui pour connaître les populations du Sahel sont signés par des militaires, depuis la fin du XIXe siècle. Ils forment  la trame de notre connaissance de la région.    Christian Bouquet

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