

Arrivé au pouvoir il y a 7 mois, le Premier Ministre Pedro Sanchez est fragilisé. La droite qui lui reproche des concessions aux indépendantistes réclamait samedi dernier sa démission. Minoritaires au Parlement, les socialistes pourraient aussi subir un désaveu lors du vote du budget aujourd'hui.
- Barbara Loyer Politologue spécialiste de l'Espagne et enseignante et chercheure en géopolitique à l'Université de Paris-VIII
Depuis le mardi 12 février, douze dirigeants catalans sont jugés par la Cour suprême de Madrid pour avoir participé au processus d'indépendance de la Catalogne en 2017. Ils sont accusés de rébellion, sédition, malversation et désobéissance, encourant jusqu'à 25 ans de prison. Ce procès fleuve, a priori d'une durée de trois mois, n'indique en rien la fin possible de la crise politique qui fragilise toujours plus le système autonomique espagnol. Carles Puigdemont, ancien président de la Generalitat et un des principaux protagonistes toujours en fuite, est le grand absent de ce procès historique.
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Le procès des indépendantistes : un défi institutionnel politique pour Pedro Sanchez
Le procès s'ouvre dans un contexte explosif. L'ouverture au dialogue du chef du gouvernement Pedro Sanchez avec la Generalitat attise la colère de nombreux opposants à la sécession ce qui favorise la croissance du nationalisme espagnol, représenté notamment par la droite, le Parti Populaire et Ciudadanos, et le parti d'extrême-droite Vox.
Le procès des indépendantistes est fondamentalement politique en Espagne. C'est la première fois, depuis la transition démocratique, que la question du rapport entre l'Etat et la nation est posée de manière aussi forte et centrale. Barbara Loyer
Dimanche 10 février, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont choisi de manifester auprès des leaders nationalistes de droite et d'extrême-droite qui accusent avec virulence Pedro Sanchez de menacer la Constitution. Pour rappel, le système autonomique espagnole est à la fois unitaire et ultra-fédéral, fondé sur la coordination entre l'Etat central et 17 communautés autonomes depuis 1978.
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Le même jour, débute le débat sur le budget au Congrès espagnol. Avec seulement 84 sièges de son propre camp, le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) compte sur le soutien de ses alliés, en particulier les indépendantistes basques et catalans, pour faire passer son projet de loi finances 2019.
Le chef du PSOE a donné des gages aux divers partis : pour les catalans, un " facilitateur" extérieur organisera les dialogues entre les différents partis politiques souhaitant discuter de l'avenir de la Catalogne, en plus d'une augmentation à 2 milliards d'euros des investissements dans la région. Des accords ont même été conclus avec la coalition de gauche radicale Unidos Podemos sur la revalorisation des pensions, la régulation du prix des loyers et des changements sur la réforme du travail.
Le président du gouvernement envisage de convoquer des élections anticipées le 14 avril, une annonce qui semblerait vouloir apaiser la colère des manifestants de dimanche dernier. En Catalogne, en guise de soutien aux leaders indépendantistes, une grande grève aura lieu le 21 février.
Malgré l'absence de Carles Puigdemont, le procès des douze dirigeants permet de mettre en lumière la complexité du séparatisme catalan
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