Occupés sur d'autres front - l'Inde à sa frontière chinoise et le Pakistan chez son voisin afghan que doivent quitter les Etats-Unis - New Delhi et Islamabad appellent à "enterrer le passé" au Jammu-et-Cachemire. Entretien avec le chercheur Christophe Jaffrelot.
- Christophe Jaffrlot Directeur de recherche au CNRS
Lorsque l’Inde avait pris la décision, pendant l’été 2019, de révoquer l’article de la Constitution qui garantissait une grande autonomie au Cachemire, Islamabad avait déclaré qu’il emploierait « tous les moyens possibles pour contrer cette démarche illégale ». Le Cachemire est la seule province indienne à majorité musulmane, le Pakistan la revendique depuis la fin de la troisième guerre entre les deux pays, en 1972.
Les tensions sont récurrentes à cette frontière, où Islamabad et New Delhi s'accusent mutuellement de violer sans cesse le cessez-le-feu.... Cette fois, leurs armées respectives se sont engagées à "enterrer le passer et aller de l'avant". Cette promesse peut-elle être tenue ?
Du côté indien, après la révocation de l'article qui accordait au Cachemire une autonomie poussée, les forces armées ont été très étoffées. 500 000 hommes sont dans la région, soit un soldat pour dix Cachemiri. Le nombre de ceux qui sont massés à la frontière est très difficile à connaître. Ce que l'on sait, c'est que l'on a déployé des pièces d'artillerie, depuis des années déjà, suffisamment lourdes pour que des obus d'un fort calibre puissent traverser cette ligne de contrôle. Et depuis cette réforme de 2019 sur l'autonomie du Jammu-et-Cachemire, on a eu, suivant les plus fiables des évaluations, 5 000 violations du cessez le feu - devenu totalement théorique. Christophe Jaffrelot
Ce "cessez-le-feu" a eu des entremetteurs inattendus ; ce sont les Émiratis qui ont joué les bons offices. C'est nouveau et c'est le reflet d'une transformation diplomatique dans la région. L'Inde s'est rapprochée considérablement de ces pays, et de l'Arabie saoudite aussi d'ailleurs. Et de l'autre côté, les Pakistanais ne pouvaient pas non plus leur dire non car ils dépendent financièrement des pays du Golfe et de l'Arabie saoudite. On a donc eu quelque chose de nouveau, et peut être que ce sera un des facteurs de pérennisation du cessez le feu. Nous verrons bien. Christophe Jaffrelot
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