Irak. Dix ans après l’exécution de Saddam Hussein, un pays effondré

Ces jeunes volontaires Irakiens ont rejoint la Division Dorée, corps d'élite de l'armée irakienne, pour combattre les envahisseurs de l'Etat Islamique
Ces jeunes volontaires Irakiens ont rejoint la Division Dorée, corps d'élite de l'armée irakienne, pour combattre les envahisseurs de l'Etat Islamique ©AFP - Sebastian Backhaus / NurPhoto
Ces jeunes volontaires Irakiens ont rejoint la Division Dorée, corps d'élite de l'armée irakienne, pour combattre les envahisseurs de l'Etat Islamique ©AFP - Sebastian Backhaus / NurPhoto
Ces jeunes volontaires Irakiens ont rejoint la Division Dorée, corps d'élite de l'armée irakienne, pour combattre les envahisseurs de l'Etat Islamique ©AFP - Sebastian Backhaus / NurPhoto
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L’offensive de l’armée irakienne sur Mossoul a repris. La bataille mobilise 100 000 hommes, soit plus de forces que l'Irak n'en a jamais déployées. Sur le plan militaire, reprendre la ville à l'EI sera long et très meurtrier.

Avec
  • Myriam Benraad Politologue, spécialiste du Moyen-Orient, professeure associée en relations internationales

Mais plus incertaine encore est peut-être la phase d'après : la réconciliation, et le rétablissement de l'Etat irakien dans le Nord. Ue administration désormais majoritairement chiite, qui intervient dans une ville majoritairement sunnite.

Il se trouve que nous sommes aux dix ans jour pour jour de l'exécution de Saddam Hussein. Et la paix à Mossoul est un test politique pour le nouveau régime "démocratique" : avec pour enjeu, la perception qu’ont de l’Etat les populations sunnites locales, isolées ou incluses, brimées ou libres.

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Plus largement, dans l'histoire de l'Irak, Mossoul deuxième ville d’Irak, occupe une place particulière, toujours tentée par la sédition, ou tentante pour les puissances étrangères. C'est la « question de Mossoul », comme les diplomates appelaient les enjeux d’Orient à l’époque…

L’EI avait presque coupé le pays en deux : Mossoul va-t-elle servir à « recoller les fragments » (M. Benraad) de l'Etat et la société irakiens, ou va-t-elle accentuer la désagrégation politico confessionnelle du pays ?

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- Mission accomplie ! Le 1er mai 2003 (il y a bientôt 14 ans), George W. Bush délivre un discours sur le USS Abraham Lincoln, un prestigieux porte avion de l'US NAVY, dont voici de courts extraits de l'introduction : "Les opérations militaires en Irak sont terminées...nous avons combattu pour la noble cause de la Liberté et pour la Paix dans le monde... notre nation et les alliés de notre coalition sont fiers du travail accompli... grâce à vous, le tyran est tombé et l'Irak est LIBRE... United States of America is gratefull for a job well done..."

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Le magazine Panorama, diffusé par la chaîne publique BBC chaque semaine depuis 1953, a enquêté sur les mensonges du gouvernement britannique de Tony Blair, qui avait alors apporté son soutien unilatéral à l'envahisseur américain de l'Irak. Il nous livre ici "ce que Tony Blair ne nous a pas dit" :

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Breaking the Silence: Truth and Lies in the War on Terror . Ce documentaire tourné en 2003, l'année de la seconde invasion américaine en Irak a été réalisé par la chaîne régionale privée londonienne Carlton Television. Il nous présente une vision britannique des vérités et des mensonges de cette "guerre de la terreur", menée par Georges W. Bush et Tony Blair contre l'Irak :

Conformément aux promesses électorales Barack Obama, les Etats-Unis ont progressivement retiré le gros de leurs troupes présentes dans le pays. Après 9 années d'une occupation militaire meurtrière, les dépenses de cette guerre sans fin n'étaient plus que 5% de ce qui avait été dépensé en 2008. Ce documentaire anglophone de la rédaction de la chaîne d'information qatari AL JAZEERA nous permet de comprendre la version des événements au travers du prisme des puissances sunnites du Golfe:

John Nixon, le premier analyste de la CIA à l’avoir interrogé, publie un livre témoignage : L’interrogatoire de Saddam Hussein. Un livre-choc dans lequel il affirme que la CIA et l’administration américaine sont restées prisonnières d’une vision fausse du dictateur irakien. Pour John Nixon, loin d’être un chef tout-puissant, Saddam Hussein était pendant ses dernières années au pouvoir « complètement dépassé » par ce qui se passait dans son pays. « Il était inattentif à ce que son gouvernement faisait, n’avait pas de plan réel pour la défense de l’Irak, et ne saisissait pas l’importance de la tempête » qui arrivait et allait le renverser, affirme aujourd’hui l’analyste. « Saddam Hussein était occupé à écrire des romans en 2003. Il ne s’occupait plus de faire tourner le gouvernement », affirme l’analyste. Et George W. Bush n’acceptera jamais de revenir sur son analyse. « Même si j’ai constaté que Saddam Hussein était un être souverainement déplaisant, j’ai tiré des interrogatoires un respect involontaire pour la manière dont il a réussi à maintenir si longtemps l’unité de la nation irakienne », estime aujourd’hui John Nixon. La « jeune démocratie irakienne » rêvée par les Etats-Unis en 2003 n’a pas réussi son combat pour libérer les Irakiens de la peur et des souffrances en 2017... Le 30 décembre 2006, tôt le matin, au nord de Bagdad, alors que d'autres procès devaient avoir lieu, qui auraient révélé beaucoup de secrets, ce furent des Irakiens chiites qui exécutèrent Saddam Hussein. Une vidéo, qui avait été illégalement tournée sur son téléphone par un participant à l'exécution, a fait le tour du monde et est toujours visible en ligne.

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Disparition de Jean-Christophe Victor, créateur et présentateur du "Dessous des cartes", émission franco-allemande diffusée chaque samedi sur Arte

L'ethnologue et promoteur de la géopolitique en France Jean-Christophe Victor est mort hier d'une crise cardiaque à 69 ans. Il avait présenté 26 années durant Le dessous des cartes, première émission de géopolitique en France, chaque samedi sur Arte. Le directeur de l'IRIS Pascal Boniface, salue un « seigneur intègre avec la transmission du savoir comme passion ».

Jean-Christophe Victor avait créé le Dessous des cartes en 1989 : sobre, toute en cartes et gros plan sur les yeux perçants du présentateur, l'esthétique de l'émission témoignait d'une véritable foi dans le genre pédagogique et dans la carte, qui relie les hommes et les systèmes politiques à la manière dont ils occupent des territoires, réels et imaginaires.

« Seigneur », Jean-Christophe Victor avait fondé le LEPAC, Laboratoire de recherche appliquée en géopolitique et prospective, une structure privée qui coproduisait les cartes pour l'émission, les fonds étaient de la NASA ; « Intègre », il avait récemment dénoncé la pratique de Google Map d'adapter le tracé de ses frontières à la convenance des autorités des pays où il était disponible.

Sans surinterpréter on peut lire dans le parcours de Jean-Christophe Victor la perpétuation du geste de son son père : l'explorateur polaire Paul-Emile Victor, ainsi que de sa mère, Eliane Decrais, journaliste télévisée. Des voyages communs avec son père, il laisse d'ailleurs un livre écrit à 4 mains en 1992, Planète Antarctique.

L'Antarctique revenait régulièrement dans ses préoccupations, c'était le thème d'une émission du 3 décembre ; des émissions aussi variées que des monographies sans complaisance sur la Guinée ou Haïti, ou des tableaux sans faux espoirs sur les problèmes écologiques ou économiques globaux.

Ethnologue et diplômé des Langues O, Jean-Christophe Victor avait appris le persan et le mandarin, qu'il disait avoir un peu oublié au fil du temps ; l'Asie restait cependant son continent de prédilection. Il venait de publier son nouvel Atlas : Le dessous des cartes : Asie, itinéraires géopolitiques.

Comme son père, JCV a accompli l'itinéraire qui mène d'une pièce fermée emplie de récits exotiques, au voyage effectif ; du monde peuplé de rêve aux peuples du monde. Un internaute conclut : « On peut maintenant jeter nos télés »