C'est l'attentat le plus important depuis 5 ans au Kenya : 21 civils et 5 miliciens sont morts dans l'attaque de mardi à Nairobi. Les rebelles somaliens Shebab liés a Al Qaïda disent viser la politique américaine au Moyen-Orient et font aussi pression sur leurs adversaires en Somalie : Kenya et USA.
- Gérard Prunier ancien chercheur au CNRS, aujourd'hui consultant indépendant et spécialiste de la Corne de l'Afrique et son interface avec le monde arabe
Mardi 15 janvier, 5 assaillants Shebab ont attaqué un immense complexe hôtelier à Nairobi, tuant 21 civils avant d'être neutralisés. Près de 700 personnes ont pu être évacuées. Cela faisait 5 ans que le Kenya n'avait pas connu un attentat d'une telle ampleur depuis l'assaut contre le centre commercial Westgate en 2013, faisant 70 morts. Les rebelles somaliens shebab revendiquent leurs actes pour contrer le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Mais le gouvernement kényan semble aussi visé.
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Les Shebab somaliens ont également choisi une date anniversaire pour réaliser leur attentat, une date marquée par leur victoire sur les Kényans. Ils font pression pour obtenir une réduction de la présence de l'AMISOM, la Mission de l'Union africaine en Somalie, la force onusienne censée rétablir la paix et la stabilité politique au Kenya.
Il y a toute une dimension symbolique voire mystique dans la manière dont fonctionnent les Shebab. C'est un mouvement à base religieuse puisqu'on est dans une variété de l'interprétation de l'islam. La plupart du temps, les islamistes radicaux se battent avec des musulmans. Là, à Nairobi, ils frappent une population non musulmane mais extrêmement mélangée au niveau des groupes ethniques et des religions. Gérard Prunier
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Une force de guérilla puissante et viable
La politique militaire de Donald Trump n'est pas vraiment efficace pour lutter contre le terrorisme en Somalie : le ciblage et l'intensification des frappes via les drones a seulement permis de ralentir la communication des Shebab. Ils restent la force de guérilla islamiste radicale la plus puissante du continent africain.
Vu la facilité de déplacement des Shebab en Somalie et vu le manque de contrôle total du gouvernement, rien ne les empêche d'exister. Il n'y a aucune forme de stabilité, de développement économique qui puisse être un contrepoids idéologique ou politique à leur présence. Gérard Prunier
La question d'un morcellement de la Somalie en plusieurs petits pays mérite d'être posée : le Somaliland, crée en 1991 dans le nord du pays, et le Puntland, crée au nord-est de la Somalie en 1998, pourraient être des exemples à suivre pour les autres Etats somaliens toujours sous tension. Le président somalien Mohammed Abdullahi Mohammed, plus connu sous le nom de Farmajo, avait été élu en 2017 pour résoudre ces difficultés. Mais ce soulèvement d'espoir fut vain : le gouvernement de Mogadiscio ne parvient toujours pas à établir des relations saines avec les Etats fédéraux, en témoigne l’interpellation et l’incarcération de Mukhtar Robow, candidat et ancien shebab dans le Sud-Ouest de la Somalie en décembre 2018.
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