Ce premier janvier, l'accord sur la rétention de migrants renvoyés d'Australie dans un camp sur une ile de Papouasie-Nouvelle-Guinée en vigueur depuis 2013 prend fin. Cette extra-territorialisation de l’accueil témoigne d'une politique migratoire très stricte à replacer dans l'histoire du continent.
- Sarah Mohamed-Gaillard Maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Inalco, spécialiste de l'histoire de l'Océanie et de la politique de la France dans le Pacifique Sud
L'accord convenu entre 2013 entre l’Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour le transfert des migrants, a pris fin samedi. Il s’agissait bien de « transfert » et non « d’accueil » tant les conditions de rétention dans les camps des îles de Manus ou bien plus loin en plein Pacifique, Nauru, étaient décrites comme sordides par Human Rights Watch et Amnesty International…
Cet accord permettait à l’Australie de renvoyer tous les migrants débarquant sur ses côtes.
Depuis le 1er janvier, la Papouasie Nouvelle-Guinée va prendre en charge à 100% les migrants qui sont restés sur son sol, et leur proposer de rester sur place.
Avec Sarah Mohamed-Gaillard, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Inalco, spécialiste de l'histoire de l'Océanie et de la politique de la France dans le Pacifique Sud.
Ces personnes qui ont tenté de rejoindre l'Australie par la mer, souvent poussées par des conflits, arrivent du Sri Lanka, d'Irak, d'Iran, d'Afghanistan, du Pakistan, de Syrie. Ils sont passés généralement par l'Indonésie et ont fait le voyage, dangereux et de plusieurs milliers de kilomètres, par la mer. Ceux qui sont à Manus y sont au moins depuis 2014, puisque l'Australie n'envoie plus de migrants interceptés en mer à Manus depuis cette date, et toujours en attente d'une gestion de leur dossier. Ils sont actuellement à peu près 120. Sarah Mohamed-Gaillard
En 2012-2013, il y a eu un pic de demandes d'asile, à peu près 18.000, déposées par des personnes arrivées par la mer. Cela a coïncidé avec une période électorale en Australie et donc ça a été un véritable enjeu de la campagne électorale qui a amené à l'élection du gouvernement de Tony Abbott. En 2013, ce gouvernement a lancé une opération pour sécuriser les frontières de l'Australie avec une tolérance zéro affichée à l'égard des passeurs. Et une volonté de montrer aux migrants que l'arrivée par bateau, en-dehors de la procédure légale de la demande d'asile, ne leur permettrait pas de s'installer en Australie. Sarah Mohamed-Gaillard
C'est une obsession de longue date pour l'Australie qui s'est construite sur l'immigration, mais une migration blanche, une migration "choisie" pendant longtemps avec par exemple le test de la dictée dans une longue européenne qu'il fallait réussir pour pouvoir s'installer. Les choses avaient changé dans les années 70, avec une ouverture plus large, notamment aux populations venues d'Asie. Mais les arrivées massives de 2012-2013 ont remis l'accent sur l'enjeu migratoire et la volonté de contrôler ces flux migratoires, de choisir les migrants. Sarah Mohamed-Gaillard
L'Australie de façon générale, s'est pendant tout le XIXe et une bonne partie du XXe siècle, perçue comme un morceau d'Europe situé aux antipodes, un continent gigantesque avec une faible population et qui ne pouvait qu'attirer les convoitises de pays tiers notamment asiatiques. Sarah Mohamed-Gaillard
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