

Avis de gros temps économique à Ankara : le gouverneur de la banque centrale et le ministre des finances quittent leurs fonctions alors que la Turquie a vu s'effondrer le cours de la livre depuis le début de l'année. Les bases économiques de la puissance géopolitique turque sont-elles menacées ?
- Deniz Unal Economiste, Rédactrice en chef du Panorama du CEPII et éditrice aux Éditions Bleu autour
Des têtes sont tombées dans les cercles économiques qui comptent ces derniers jours : le gouverneur de la banque centrale Murat Uysal a été limogé. Puis c’est le ministre des Finances, Berat Albayrak, le propre gendre du président Recep Tayyip Erdogan, qui a présenté sa démission. De façon un peu mystérieuse, apparemment pour raisons de santé.
Peut-on parler d’un avis de tempête sur l’économie turque ? De fait la livre turque est en forte baisse depuis le début de l’année par rapport au dollar.
Le pays subit comme ses voisins les conséquences économiques de la crise sanitaire et il sera en récession cette année. Mais au-delà de la crise sanitaire Ankara paie sans doute le prix économique de son modèle politique.
Le modèle turc était cité en exemple parce que c'était une économie qui avait installé des autorités de régulation indépendantes où il y avait une forme de gestion libérale mais institutionnalisée. La Turquie s'est éloignée de ce régime pour diverses raisons, notamment depuis la tentative de coup d'Etat. L'Etat est entré dans une gestion extraordinaire, comme par temps de terrorisme. Cette gestion centralisée a été constitutionnalisée. Du régime parlementaire on est passé au régime présidentiel et dans ce régime, Erdogan, à son désavantage, est obligé de tout gérer. Deniz Ünal
L’occasion est donnée de se pencher sur les fragilités de cette économie turque alors que le pays affiche depuis des années sans complexe ses ambitions géopolitiques, de la Syrie à la Libye.
Mais Ankara a-t-il encore, justement, les moyens économiques de ses ambitions dans la région ?
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