Lydia Assouad, doctorante à l'Ecole d'Economie de Paris et chercheuse associée au World Inequality Lab, estime que le mouvement social qui dure depuis cinq jours, par-delà les clivages confessionnels et malgré les annonces de Saad Hariri, est largement dû aux inégalités sociales. Entretien.
- Lydia Assouad Doctorante à l'Ecole d'Economie de Paris et chercheuse associée au World Inequality Lab
Les manifestations se poursuivaient hier soir à Beyrouth, aussi bien que dans la ville sunnite de Tripoli dans le nord, ou dans les localités chiites du sud, fief du Hezbollah… Et ce, malgré les annonces faites par le chef du gouvernement Saad Hariri: un budget 2020 sans impôt supplémentaire pour la population, une baisse de 50% des salaires du présidents, ministres et députés… ainsi que de nouvelles taxes, non plus sur la messagerie Whatsapp que tout le monde utilise au Liban, mais sur les banques.
"Le grand mouvement social que l’on voit se déployer au Liban ressemble à bien des égards à celui qui a commencé il y a quelques semaines en Irak" écrivait ce week-end un politiste libanais dans le Washington Post : "les divisions communautaires ou religieuses n’expliquent pas tous les événements politiques du monde arabe".
Si l'on observe la répartition des revenus au Liban entre 2005 et 2014, on comprend que les 10% les plus riches ont reçu plus de la moitié du revenu national, les 40% ont reçu 30% et les 50% les plus pauvres ont reçu 10%. Le Liban se caractérise par une structure sociale extrêmement polarisée avec une classe moyenne quasiment inexistante. La question sociale a été inscrite ces derniers jours par les citoyens dans la rue, mais elle était jusque-là absente de l’agenda politique. D’abord parce qu’il y a un manque de transparence. Avant mon étude, les derniers chiffres disponibles dataient de 1960. Et la classe politique n’avait aucun intérêt à mettre cette question dans l’agenda politique, puisque c'est elle qui bénéficie le plus de ces inégalités. Lydia Assouad
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