- Guillaume Devin professeur des universités en sciences politiques à Sciences Po Paris, chercheur au CERI
La médiatisation des relations internationales ne rend pas nécessairement heureux, tant les guerres, les crises (mot galvaudé) et, pour tout dire, la violence de l’humanité mettent à mal une vision irénique de l’histoire. Il est vrai que le rôle de la grande presse s’attache à annoncer les trains qui déraillent plutôt que ceux, relativement nombreux, qui arrivent à l’heure. De plus, les médias exagèrent, dramatisent et font d’un instant, non remis dans son contexte et oublié le lendemain, un événement considérable.
Pourtant, pour tenir la balance égale, il y a des motifs d’espérer, au moins le jour de Noël. Pêle-mêle, dans le domaine économique : les États-Unis dans l’OMC (ce qu’ils avaient toujours refusé), le rôle de l’ONU dans les processus de paix, la Chine dans la géo-économie mondiale, l’essor de la « société civile », l’émergence de certains pays… Dans le domaine sociétal , toujours entre autres : la réduction de la pauvreté, la mobilisation pour le climat.
La Charte des Nations unies, signée en 1945 à San Francisco et conçue en opposition à la guerre, fait obligation aux Etats de recourir au règlement pacifique des différends. Son préambule l’annonce clairement : « * Nous, peuples des Nations unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances...* * ».*
Pourtant, les échecs du règlement pacifique des différends sont patents. Les affrontements par groupes locaux interposés en Ukraine, en Syrie ou au Yémen constituent des exemples récents de ces « guerres par procuration » qui, durant la guerre froide, eurent cours en Corée, au Vietnam, en Angola, au Nicaragua et ailleurs. Plus grave apparaît encore la « légitime défense préventive », cet abus de droit avancé par M. George W. Bush en Irak, lorsqu’il invoqua fallacieusement l’article 51 de la Charte. On assiste à de nouveaux recours à la force basés sur une instrumentalisation des droits humains, tandis que les Occidentaux s’affranchissent des règles du droit en délocalisant leurs « interrogatoires poussés », en refusant de traiter les prisonniers conformément aux conventions de Genève ou en engageant de manière illicite la force armée.
Depuis 1989 et la fin de la bipolarité Est-Ouest, les puissances occidentales ont considéré que, n’ayant plus de rivaux à leur hauteur, elles pouvaient substituer la force et la punition à la négociation… On excluait, on sanctionnait, on refusait de parler : bref, tout ce que la diplomatie réprouve. On dévoyait même celle-ci pour en faire un instrument de pénétration économique, ce qui ne relève pas de ses compétences… Avec la négociation réussie sur le nucléaire iranien, il semble qu’on soit quelque peu retourné vers la diplomatie, ce qui est salutaire et à mettre au crédit de la clairvoyance de Barack Obama.
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