Nationalisme, autoritarisme et entrisme : stratégie gagnante de Viktor Orban en UE ?

Des supporters du FIDESZ fêtent la victoire de Viktor Orban
Des supporters du FIDESZ fêtent la victoire de Viktor Orban ©AFP - ATTILA KISBENEDEK
Des supporters du FIDESZ fêtent la victoire de Viktor Orban ©AFP - ATTILA KISBENEDEK
Des supporters du FIDESZ fêtent la victoire de Viktor Orban ©AFP - ATTILA KISBENEDEK
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L’incertitude est levée en Hongrie : Viktor Orban et son parti le FIDESZ remportent une nouvelle "super majorité" des 2/3. Face à un risque de "tout sauf Orban", le Premier Ministre a gagné son pari et une stratégie électorale éprouvée : que fera-t-il de ce 3ème mandat ?

Avec
  • Hendrik Hansen professeur de sciences politiques à l'université internationale en langue allemande Andrassy à Budapest

Avec presque 50 % des votes et 70 % des inscrits ayant voté, cette troisième victoire consécutive entérine la montée en puissance et la domination de 30 ans de FIDESZ – face aux anciens socialistes du MZSP, 20 ans après son entrée fracassante à la Diète hongroise. Il valide aussi sa stratégie nationaliste et de tension au sein de l’UE (et dans le groupe de Visegrad) depuis 2010. Sur un plan plus technique, il démontre l’ingéniosité politique (ingénierie politique) du Premier Ministre Orban qui avait déjà réorganisé le système de vote sur mesure pour un parti dominant mais pas super-dominant partout en voix.

La campagne s’est transformée en stratégie ultime de l’anti-chaos : pour cette élection, comme pour d’autres, V. Orban n’a pas laissé beaucoup de perspectives dans son programme, «moi ou le chaos», le chaos étant personnifié par l’opposition entourant le milliardaire d’origine hongroise Georges Soros sur des affiches qui expliquent «ils veulent démanteler la frontière». Face à cela la stratégie d’un «tout sauf Orban» n’a pas fonctionné et le parti JOBBIK à l’origine ouvertement xénophobe s’est laissé dépasser par la rhétorique du FIDESZ : il peine à élargir sa base au-delà des 20 %.

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Cette domination sans partage autorise une certaine liberté de la Hongrie d’Orban au sein de l’UE, théoricien de «l’Etat illibéral» (son discours à l’Université d’été du parti en 2014) et qui a fait de la lutte contre l’immigration une doctrine de restauration de l’Etat national : les barbelés à la frontière avec la Serbie, source de fortes tensions entre Budapest et Bruxelles, sont devenus un symbole d’ordre et de souveraineté. Ce que le député belge Guy Verhofstadt appelait il y a un an une «version moderne du communisme» est surtout un habile mélange de procédures démocratiques et de pratiques «à risques» pour l’état de droit : prochaine chantier une loi sur les ONG, la première cible étant Georges Soros.

Dans cette configuration, le FIDESZ de Viktor Orban a su se placer dans un entre-deux équivoque : entre l’éloge de la Russie, la Turquie ou la Chine, et la posture de défenseur d’une Europe dans laquelle les migrations sont devenues l’instrument d’un libéralisme ennemi des nations.

Le contexte européen est cependant plus délicat pour certains Etats en suspicion d’atteinte à l’état de droit : depuis décembre dernier Varsovie est sommée de se justifier ou se rectifier par la Commission européenne qui a lancé une procédure de violation de l’état de droit. Budapest a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne voterait pas d’éventuelles sanctions (suspension du droit de vote, conditionnement des fonds européens) mais la Hongrie non plus n’est pas à l’abri d’une telle procédure. Cette stratégie de tension perpétuelle présente un risque pour un pays qui dépend à 6 % des fonds européens, le niveau de subventions le plus élevé en Europe (plus de 50 milliards d’euros sur 2013-2020).

Viktor Orban avait prévenu qu’il comptait rendre ses différentes réformes « irréversibles » : ce troisième mandat le permettra-t-il ?

@TEnjeux + @XXMonde 

Quelques vidéos pour éclairer en images le thème d'aujourd'hui:

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