Référendum en Macédoine : un résultat empoisonné ?

Les unes de la presse grecque sur le référendum de leur voisin du nord, lundi
Les unes de la presse grecque sur le référendum de leur voisin du nord, lundi ©AFP - LOUISA GOULIAMAKI
Les unes de la presse grecque sur le référendum de leur voisin du nord, lundi ©AFP - LOUISA GOULIAMAKI
Les unes de la presse grecque sur le référendum de leur voisin du nord, lundi ©AFP - LOUISA GOULIAMAKI
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Un plébiscite et un boycott : le résultat du référendum dimanche sur le changement de nom de la Macédoine en Macédoine du Nord est embarrassant. Le OUI gagne à 92 % mais la participation trop faible invalide le vote. Malgré les déclarations optimistes, c'est un réel revers pour l'UE et l'OTAN.

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_En Macédoine, les listes électorales sont complètement bidon : un grand nombre des gens qui y figure est décédé depuis longtemps et un plus grand nombre encore n’habite plus dans le pays. Mais tous les partis se sont accommodés de ces listes « bidon » parce qu’elles permettent toutes les manipulations.       _Jean-Arnault Derens

L’Union Européenne a beau vouloir se montrer enthousiaste en appelant à saisir une « chance historique », l’ONU a beau insister sur « l’écrasante » majorité de OUI, et l’OTAN déclarer que « la porte est ouverte », ce résultat est une pomme empoisonnée : le scrutin lui-même est plébiscité par les votants mais désavoué par le corps électoral dont 36,27 % des électeurs se sont exprimés. 

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_Il y a deux pays [qui se sont opposés à l’ouverture des négociations en vue de l’adhésion de la Macédoine à  l’Union Européenne] : les Pays-Bas et la France. Quand, ensuite, on a pu voir, juste avant le scrutin, une vidéo de Monsieur Macron appelant les Macédoniens à prendre leur avenir en main et à voter pour l’Europe, je crois que cette vidéo a dissuadé les gens de se rendre aux urnes ! C’est juste manquer, comment dirais-je… de décence !                 _Jean-Arnault Derens

Les conséquences du blocage à venir sont claires : il hypothèque la normalisation des relations avec la Grèce, met en défaut la stratégie de l'UE et de l'OTAN pour « arrimer » les Balkans ; et il provoque en Macédoine une crise politique grave. 

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En théorie, l'absence de 50 % de votants invalide le scrutin. A Skopje, les partis (SDSM et VMRO-DPMNE, qui se divisent ouvertement) se renvoient désormais deux conceptions de la souveraineté populaire. Le Premier Ministre Zoran Zaev pousse encore le Parlement à valider le vote, mais ce dernier a le choix entre désavouer l’Union Européenne (puisque la question est double : adhésion à l'UE et changement de nom) ou ignorer la majorité des électeurs qui n’ont pas voté. Zoran Zaev aura peut-être sauté entre temps. 

_Depuis 25 ans, ces Macédoniens en ont assez qu’on leur dise que « demain tout ira bien », que « l’avenir européen va s’ouvrir à eux » et que l’on rasera gratis ! Personne ne croit à ce discours, ni en Macédoine, ni dans les Balkans en général.         _Jean-Arnault Derens

Pour la politique d’élargissement européenne, qui a poussé les dirigeants grec et macédonien à conclure rapidement un accord, c’est un obstacle imprévu : s'il s'agissait d'une tactique pour couper court aux réticences nationales ou nationalistes, le tir est risqué ; si c’était un signal d’encouragement aux Balkans en vue d'une future adhésion, la fusée a fait long feu. 

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_On veut nous rejouer dans les Balkans une nouvelle guerre froide et c’est la tragédie pour ces peuples : être un terrain de jeu sur lequel les grandes puissances peuvent mettre en scène leurs rivalités. C’était la situation avant 1914, et c’est à nouveau la situation un siècle après. Et ceux qui en paient les frais ce sont toujours les peuples des Balkans !          _Jean-Arnault Derens

En Grèce, le journal Ethnos qui veut encore y croire parle d’une « victoire à la Pyrrhus ». Mais qui a vraiment gagné quoi que ce soit jusqu’ici ? 

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Jean-Arnault Dérens @Jaderens  +  Courrier des Balkans @CdBalkans

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