

Aussitôt signé, aussitôt menacé : l’accord de paix au Soudan du Sud qui met fin à 5 ans de guerre civile est déjà entaché par une reprise des combats, moins d’une semaine après sa signature. La pression internationale renouvelée cette année suffira-t-elle ?
- Marc Lavergne Géopolitologue, directeur de recherche au CNRS
Les ressources du pays n’ont pas été utilisées pour construire des hôpitaux, des routes ou des écoles. Rien de tout ça n’existait avant au Sud-Soudan et rien de tout ça n’existe depuis l’indépendance : le pétrole a été vendu pour tésoriser et pour acheter des armes ! Il est aujourd’hui l’enjeu de la paix, comme il a été l’enjeu de la guerre. Marc Lavergne
Après la guerre interminable, ce serait la « paix éclair » comme l’écrit Jeune Afrique. L’accord signé à Khartoum permettrait de faire cesser un des plus durs conflits d’Afrique, qui oppose le président Salva Kiir à son vice-président Riek Machar.
Un premier accord de paix en 2015 avait tourné court après la reprise des combats ; en 2016, Riek Machar blessé lors d’une attaque avait dû fuir le pays vers la RDC pour se réfugier en Afrique du Sud.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Trois ans après, les deux rivaux sont mis sous pression : l’ONU a voté un embargo sur les armes et des sanctions, elle avait fixé un ultimatum aux belligérants, et alors que les parrains habituels se sont trouvés un peu en retrait, de nouveaux acteurs, ou « coalition d’intérêts » ont appuyé la reprise des contacts jusqu’à la signature : la Chine, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Le Sud-Soudan n’est pas un Etat. Or ce que je vois dans l’accord de paix, c’est qu’on prévoit de nommer 35 postes de ministres, 550 postes de députés et 32 sous-états. On y parle de la "reconstruction" du Sud-Soudan, mais il n’y a rien à reconstruire, parce rien n’a jamais été construit dans ce pays ! On commence par nourrir des députés et des ministres qui n'ont pas dobjet finalement. On va leur donner des titres et des mandats, mais il n'y a pas de grain à moudre... Marc Lavergne
Le contexte régional a légèrement changé aussi, avec une entité Est-africaine l’IGAD plus pressante et un apaisement des tensions dans la Corne de l’Afrique (accord de paix Ethiopie – Erythrée).
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Reste cependant à négocier le partage du pouvoir et des ressources, mettre fin aux rivalités territoriale et leur instrumentalisation ethnique, dans ce plus jeune Etat du monde ultra dépendant au pétrole (98 % des ressources de l’Etat).
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Durant la période de transition de trois ans, les protagonistes Riek Machar et Salva Kiir conservent leur poste, et restent pour l’instant à la tête de faction très bien armées ; si bien que certains parlent au mieux d’un « accord entre élites ».
A Juba la capitale, la presse rapporte un accueil assez froid par la population. «Le scepticisme prévaut» soufflent des diplomates. S’agit-il de s’entendre ou de gagner du temps ?

.

L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation