Syrie : la bataille d'Idlib est-elle évitable ?

Manifestants turcs devant une mosquée à Istanbul, le week-end dernier
Manifestants turcs devant une mosquée à Istanbul, le week-end dernier ©AFP - YASIN AKGUL
Manifestants turcs devant une mosquée à Istanbul, le week-end dernier ©AFP - YASIN AKGUL
Manifestants turcs devant une mosquée à Istanbul, le week-end dernier ©AFP - YASIN AKGUL
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Après Homs, Alep, Damas, Deraa, Soueida, le régime de Bachar el Assad et ses alliés russes et iraniens s’apprêtent à reprendre le contrôle de l’ensemble de l’Ouest syrien (improprement appelé « Syrie utile »). Cette reconquête est symbolique pour une ville prise en 2015.

Avec
  • Bassma Kodmani directrice du think tank Arab Reform Initiative et membre du Comité des Négociations de l'opposition syrienne (CNS)

La vérité c’est que les Russes savent très bien qu’il n’y a pas de solution militaire pour Idlib. La zone est géographiquement très complexe. Il y a des montagnes et des grottes : les bombardements aériens ne peuvent pas faire le travail. Les seuls qui savent où sont les djihadistes et comment les combattre ce sont les groupes armés modérés à qui il faut donner l’assurance qu’ils ne tomberont pas dans les mains du régime après la guerre.           Bassma Kodmani

Idlib est le fief de l’ancien front al-Nosra lié à Al-Qaeda. Mais ce qui peut apparaître comme « l’ultime bataille » pourrait aussi être la plus incertaine : avec le temps et au fil de l’avancée du régime, la province d’Idlib et la ville sont devenues le refuge de tous les déplacés et groupes armés. La population de la province est estimée à trois  millions de personnes, parmi lesquelles environ 50 000 combattants  membres de groupes armés divers et aguerris. Des frappes indiscriminées conduiraient selon l’envoyé spécial de l’ONU Staffan de Mistura à une catastrophe humanitaire « six fois pire qu’Alep ».

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Carte montrant les différentes forces en présence en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme
Carte montrant les différentes forces en présence en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme
© AFP - SOPHIE RAMIS, THOMAS SAINT-CRICQ

Pour l’instant, les aviations russe et syrienne ciblent les villages au Sud d’Idlib et le gouvernement fait remonter des forces vers la ville ; mais une offensive au sol sera longue et demandera une masse de soldats plus conséquente. Le Kremlin est pressé de pouvoir déclarer une victoire militaire en Syrie ; mais selon la directrice de l’Arab Reform Initiative Bassma Kodmani, faire intervenir des milices chiites iraniennes serait prendre le risque de sur-«confessionnaliser» la bataille. Quant aux occidentaux, ils ont déjà menacé de représailles « plus dures encore » en cas d’attaque chimique – y compris au chlore. 

On ne peut pas imaginer qu’on va évacuer des millions d’êtres humains pour tuer 10.000 djihadistes, dont la plupart est venue de l’étranger.     Bassma Kodmani

Sur le plan diplomatique, on note une hésitation au sein du « triumvirat » Iran – Russie – Turquie : le désaccord était net vendredi dernier à Téhéran entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan qui demandait un cessez-le-feu. La Turquie, qui du reste soutient une partie des forces rebelles dans la région et risque de perdre sa « mise » sur le terrain, garde sa frontière avec la Syrie fermée et y masse de nouveaux éléments militaires. 

Il n’y a même pas d’eau pour ces populations vivant à Idlib aujourd’hui. Pensons à l’horreur qu’a représenté Alep : tout le monde craint un scénario de type Alep mais qui sera multiplié plusieurs fois !      Bassma Kodmani

Les alliés du régime seront-ils pressés d’en finir au prix d’une nouvelle catastrophe humanitaire, et la menace de représailles occidentales ? L’alliance entre les trois acteurs déclarés tiendra-t-elle ?  

Loin de clore le conflit, Idlib pourrait bien en rebattre certaines cartes,  une réunion à l’ONU aujourd’hui à la demande de la Russie pourrait permettre d’en savoir plus. 

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Contrôle des territoires, données sur les risques de crise humanitaire dans la région d'Idleb en Syrie
Contrôle des territoires, données sur les risques de crise humanitaire dans la région d'Idleb en Syrie
© AFP - LAURENCE SAUBADU, THOMAS SAINT-CRICQ, JEAN MICHEL CORNU

Bassma Kodmani @BassmaKodmani