

A l’heure où le Royaume-Uni quitte l'Union Européenne bon an mal an, d’autres pays aspirent toujours à la rejoindre... c’est le cas de la Macédoine et de l’Albanie. Mais la France a mis son veto à l'ouverture des négociations d'adhésion. Entretien avec le chercheur Loïc Trégourès.
- Loïc Trégourès Chargé d'enseignement en sciences politiques à l'Institut catholique de Paris, spécialiste des Balkans
La décision met déjà en difficulté la nouvelle Commission d'Ursula von der Leyen, qui plaide pour l'élargissement de l'Union européenne. Elle éloigne aussi encore un peu la France des pays du groupe dit de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie).
Lors du dernier sommet européen à Bruxelles, Emmanuel Macron a mis un veto à l'ouverture des négociations d'adhésion à deux pays à qui l'on avait promis en 2003 que leur avenir était sur le chemin de l'intégration: Macédoine du Nord et Albanie. La décision française est très mal vue non seulement dans les deux pays concernés, qui avaient entrepris des réformes "au nom de l'Europe", mais aussi au sein de l'Union européenne même, où l'on déplore de ne pas pouvoir tenir ses promesses. Mais en matière d'élargissement, l'unanimité est la règle....
L'Albanie avait entamé un processus de « vetting »: on a passé au crible la vie et la carrière de tous les juges. Beaucoup étaient suspects et corrompus, ils ont été démis de leurs fonctions y compris à la Cour constitutionnelle ce qui pose des problèmes aujourd’hui. Pour la Macédoine, il fallait régler la question du nom qui faisait conflit avec la Grèce et accepter de se rebaptiser Macédoine du nord pour lever le veto grec qui existait depuis une dizaine d’années. Mais en réalité, on savait qu'on leur dirait non quand même. Peu importe ce qu’ils auraient fait ou pas fait, la question ce n’était pas "eux" mais "nous" - les Européens, les Français. Loïc Trégourès
La Macédoine votera au printemps prochain lors de législatives anticipées. Elles peuvent peuvent profiter au Parti nationaliste qui a perdu le pouvoir il y a trois ans. Ce sera nettement moins facile de discuter avec lui qu’avec le parti du Premier ministre Zoran Zaev, qui dans la région est le moins "illibéral". Si Emmanuel Macron, qui a fait de la lutte contre l’illibéralisme en Europe sa priorité, lui scie la branche, je ne vois pas sur qui il peut s’appuyer. En tout cas pas sur le président serbe à qui il a rendu visite pour parler du Kosovo mais qui lui, incarne l’illibéralisme dans la région. Loïc Trégourès
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