UE - Serbie : l'adhésion est-elle une illusion ?

Federica Mogherini, Deuxième vice-présidente de la Commission européenne, et Aleksandar Vucic, Président serbe, lors d'une rencontre sur les pourparlers d'adhésion
Federica Mogherini, Deuxième vice-présidente de la Commission européenne, et Aleksandar Vucic, Président serbe, lors d'une rencontre sur les pourparlers d'adhésion ©AFP - ANDREJ ISAKOVIC
Federica Mogherini, Deuxième vice-présidente de la Commission européenne, et Aleksandar Vucic, Président serbe, lors d'une rencontre sur les pourparlers d'adhésion ©AFP - ANDREJ ISAKOVIC
Federica Mogherini, Deuxième vice-présidente de la Commission européenne, et Aleksandar Vucic, Président serbe, lors d'une rencontre sur les pourparlers d'adhésion ©AFP - ANDREJ ISAKOVIC
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20 ans depuis les frappes de l’OTAN en Serbie dimanche dernier. La campagne qui avait forcé Belgrade à retirer ses troupes du Kosovo est dénoncée comme une « agression » par le président Vucic qui fait aussi miroiter une éventuelle reconnaissance pour relancer l'adhésion serbe à l'UE : jeu de dupes?

Avec
  • Loïc Trégourès Chargé d'enseignement en sciences politiques à l'Institut catholique de Paris, spécialiste des Balkans

En Serbie, le Kosovo, on en parle beaucoup comme quelque chose qui relève de l'imaginaire, du totem, du fétiche. C'est un écran de fumée qu'on dispose davantage que de façon concrète, y compris pour parler des Serbes du Kosovo. Loïc Trégourès

"Nous étions seuls face à la plus grande puissance militaire au monde. Leur objectif était évident : nous vaincre et nous humilier, puis remettre une partie de notre territoire à quelqu'un d'autre." Les mots du chef de l'Etat serbe, Alkesandar Vucic, sont clairs : l'adhésion de la Serbie à l'Otan ne se fera pas tout de suite à cause du souvenir des frappes aériennes de l'Otan en 1999. 

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Censés viser uniquement des cibles militaires et des infrastructures yougoslaves pour mettre fin à la guerre du Kosovo, ces bombardements ont tué un grand nombre de civils dont le bilan n'a jamais pu être officialisé . 

Pour les autorités serbes, les chiffres atteignent 2500 morts alors que l'ONG Human Rights Watch en relève 500. Les bombardements dureront jusqu'au 10 juin 1999, lors du retrait des troupes serbes du Kosovo.

Aujourd'hui, pour le président Aleksandar Vucic, ancien ultranationaliste devenu centriste proeuropéen, cette opération militaire "sera toujours (considérée comme) un crime". Plusieurs commémorations ont été organisées à travers le pays dont la principale à Nis, rassemblant plus de 20 000 personnes. 

Le Kosovo, qui a proclamé son indépendance en 2008, n'est toujours pas reconnu par la Serbie. Tous deux souhaitent adhérer à l'Union Européenne mais une normalisation de leurs relations est réclamée par la communauté internationale.

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Aleksandar Vucic, un président nationaliste pas vraiment prêt à reconnaître le Kosovo

Avec le Monténégro, la Serbie est candidate à l'adhésion à l'UE et espère pouvoir atteindre son but en 2025. Problème, Alkesandar Vucic ne considère pas la reconnaissance du Kosovo comme un objectif majeur à réaliser à court terme. Sauf que les négociations avec l'UE dépendent des négociations entre la Serbie et le Kosovo : reconnaître cette ancienne province est donc un objectif important dans le calendrier du processus d'intégration à l'UE, même si le chef d'Etat serbe aurait préféré traiter cette question en dernier lieu.

Depuis l'année dernière, des négociations entre la Serbie et le Kosovo se tiennent dans le plus secret pour conclure un accord sur un potentiel échange de territoires, sans toutefois privilégier une reconnaissance mutuelle des deux territoires

45 sec

Si demain, la question de la reconnaissance du Kosovo est pliée, ça veut dire qu'il reste encore 5 ans, 10 ans de chemin vers l'intégration européenne avec que des coups à prendre, parce qu'on parlera enfin d'Etat de droit, de justice, de corruption. Loïc Trégourès

En effet, des manifestations hebdomadaires contre le pouvoir ont lieu depuis environ un mois et Bruxelles commence à s'interroger sérieusement sur les bonnes intentions du gouvernement serbe.

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La liberté des médias est une des principales revendications des Serbes car les journalistes subissent des menaces et des agressions comme le journaliste d'investigation Milan Jovanovic, spécialisé dans la corruption, qui a dû fuir sa maison en flammes, détruite par un incendie criminel en décembre. Aleksandar Vucic, ancien ministre de l'information de 1998 à 2000, réfute toute dérive autoritaire et se voit comme "une cible facile" pour ses détracteurs. 

En 2018, 102 cas de pressions, d'agressions ou de menaces contre des journalistes ou des salariés d'entreprises de presse sont relevés par l'Association indépendante des journalistes serbes, soit une hausse de 15%. Un fait alarmant qui inquiète Bruxelles, auquel s'ajoute l'Index de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF) qui classe le pays à la 76e place sur 180 la même année.

Cultures Monde
58 min

Pour compléter votre lecture, deux articles de Loïc Trégourès : 

- " Serbie-Kosovo : options et scénarios", Fondation de la Recherche Stratégique, 12 octobre 2018.

- " L'ambition européenne de Macron commence dans les Balkans", European Council on Foreign Relations, 3 juillet 2018

Les Enjeux internationaux
10 min