Ukraine. Le pays vient d'entrer hier dans la salle d'attente de la normalisation politique...

France Culture
Publicité
Avec
  • Annie Daubenton Journaliste, essayiste, ancienne conseillère culturelle à l’ambassade de France à Kiev de 1998 à 2001

Que se passe-t-il en Ukraine pour que les séparatistes aussi acceptent de reporter le vote? Sur le plan militaire le conflit a réellement baissé en intensité... on en dira un mot... Mais sur le plan politique, les accords de Minsk ont profondément divisé le pays politiquement et la situation est inquiétante : notamment depuis le vote fin août d'une loi de décentralisation voulue par les occidentaux, souhaitée dans l'Est mais honnie par la frange nationaliste... les violentes manifestations à Kiev le jour du vote l'ont rappelé... Pour Porochenko, ces derniers mois de plus en plus, gouverner est un exercice dangereux...

Xavier Martinet

Publicité
Members of Right Sector take part in a rally held by far-right radical groups, including All-Ukrainian Union Svoboda (Freedom) a
Members of Right Sector take part in a rally held by far-right radical groups, including All-Ukrainian Union Svoboda (Freedom) a
© Reuters

_En Belgique , un groupe de réflexion pro-européen a élaboré cinq scenari pour tenter d’envisager quel pourrait être l’avenir de l’Ukraine, l’avenir des provinces russophiles et l’avenir de l’ensemble de la région située entre l’Union Européenne et la Russie. Si la crise continue, l´Ukraine verra son déficit se creuser et sa dette publique, actuellement de près de 41 %, grimpera en flèche pour atteindre 94 % du PIB à la fin de cette année. Et l´effondrement du pays ne servirait qu’à engendrer de la frustration pour les Ukrainiens, de lourds coûts financiers pour les Européens et le FMI, et des pertes économiques encore plus graves pour la Russie.

En Ukraine , le président Petro Porochenko a célébré à la fin de cet été le 24ème anniversaire de l'indépendance de l'Ukraine vis-à-vis de l’Union Soviétique : « Nous devons traverser cette 25ème année d'indépendance comme si nous traversions un lac gelé. Nous devons nous rendre compte que le moindre faux pas peut être fatal. La guerre pour l'indépendance ukrainienne continue »

Il y a quelques jours, des leaders des pays membres du « format Normandie », composé de l’Allemagne, la France, la Russie et l’Ukraine, se sont retrouvés autour de la table de négociations pour faire le point sur le respect des accords signés l'année dernière par leurs dirigeants respectifs. Le résultat principal des discussions a été le report de la date des élections locales dans les républiques autoproclamées. Ce sujet constituait une pierre d’achoppement entre la province russophile du Donbass et la capitale Kiev.

Ce sont les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk (DNR) et Lougansk (LNR) qui ont ainsi reporté leurs élections locales. « C’est un nouvel exemple d’attitude constructive et soupl e dans le but de matérialiser les accords de Minsk » , a déclaré Dimitri Peskov, le responsable du service de presse du Vladimir Poutine.

« Cela permettra de laisser du temps pour déployer dans de meilleures conditions des observateurs de l’OSCE pour ce scrutin, poursuit le politologue. Cela laissera une chance d’organiser, dans ces territoires, des élections que l’OSCE pourrait éventuellement reconnaître comme étant démocratiques. On aurait à ce moment-là une situation complètement différente. » explique le politologue Andreas Umland, expert allemand de l’Institut de coopération euro-atlantique ( IEAC ), un organisme pro-occidental basé à Kiev.

Malgré l'aspect aparemment positif du climat actuel, le 25 octobre, les vols directs entre la Russie et l’Ukraine seront presque complètement suspendus. Une guerre du ciel aux conséquences non négligeables pour les économies des deux pays, très dépendante l’une de l’autre. Fin septembre, sept compagnies aériennes russes ont reçu une notification officielle du gouvernement ukrainien leur interdisant le survol du pays.

En Russie , lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre du Forum économique oriental à Vladivostok, Vladimir Poutine a déclaré que « le fait que l'Ukraine soit gouvernée depuis l'étranger, que tous les postes clés au sein du gouvernement ainsi que dans les régions soient occupés par des étrangers est une insulte au peuple ukrainien ». Il commentait ainsi le vote par le parlement ukrainien, la Rada, de l’autorisation donnée au gouvernement du pays d’approuver les candidatures de citoyens étrangers, dont des citoyens des Etats-Unis, de la Géorgie ou encore de la Lituanie, à des postes ministériels.

Au Royaume-Uni , le point de vue officiel du gouvernement de David Cameron est bien différent. Il est clairement résumé dans cette vidéo de 6’30’’ par l’ambassadeur Sir Peter Ricketts. Comment le Royaume-Uni envisage-t-il l’évolution des sanctions occidentales à l’encontre de la Russie ? Et le Royaume-Uni peut-il encore être influent sur le dossier ukrainien, alors qu'il se tient en retrait de la scène européenne en raison de la campagne sur son éventuelle sortit de l'Union ?