- Jean-Jacques Kourliandsky chercheur à l'Iris, spécialiste de l'Amérique latine et de l'Espagne et directeur de l’observatoire d’Amérique latine de la Fondation Jean Jaurès.
Le cas du Venezuela est particulièrement intéressant à étudier, notamment à cause de la transition politique qui s’annonce, la nouvelle chambre étant entrée en fonction hier mardi. Compte tenu de l’état économique consternant du pays (lequel est très riche de ses réserves considérables et de ses exportations de pétrole), une opposition très vaste (une trentaine de partis, allant de l’extrême-gauche à la droite) l’a massivement emporté le 6 décembre dernier. De fait, forte inflation, pénurie de biens de première nécessité, récession, endettement, insécurité, expliquent cette mobilisation d’une très grande partie de la population. Sans rire, le président Maduro, successeur du président Chavez, a qualifié ce résultat de « putsch électoral » et a appelé à la rébellion pour « créer une nouvelle situation révolutionnaire ».
Quelle est la nouvelle équation intérieure et peut-on prévoir l’avenir à court terme ?
Th. G.

_L’année 2016 pourrait être hautement conflictuelle au Venezuela. A la fois pour des raisons internes et à cause du contexte international des prix pétroliers, qui impacte toute la région.
La large victoire de la coalition d’opposition Mesa de la Unidad Democrática (MUD) aux législatives configure une Assemblée nationale contrôlée – pour la première fois depuis 1999 – par des forces hostiles à la révolution bolivarienne. En contrôlant l’Assemblée, l’opposition croit sans doute venue l’heure de la revanche elle rêve de « déconstruire » pierre à pierre l’édifice de la révolution.
Mais sociologiquement le chavisme reste majoritaire dans la population. Au cours des seize dernières années, il a apporté plus d’avancées sociales et de progrès que n’importe quel autre gouvernement au cours des deux derniers siècles.
Après avoir reconnu sa défaite, le chef de l'État l'a attribuée à une « guerre économique » menée par « le capitalisme sauvage » et il a annoncé son intention de lancer « une nouvelle étape de la révolution » pour s'opposer à « la droite fasciste contre-révolutionnaire qui a obtenu un succès électoral ».C'est dans ce climat de guérilla institutionnelle que la nouvelle législature s'est ouverte la nuit dernière, pour une durée de cinq ans.
Après avoir occulté son programme pendant la campagne électorale, la coalotion victorieuse annonce déjà à qui veut l’entendre son intention de destituer le président, de multiplier les privatisations, de réduire les services publics, de revoir à la baisse la législation du travail, de liquider les acquis sociaux, de démanteler les accords internationaux…
Devant ce qu’il considère une provocation, le président Maduro a alerté l’opinion publique dans son intervention télévisée hebdomadaire intitulée "en contacto con Maduro" (un programme de près de 3 heures, pendant lequel le président est seul face à la caméra !).


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