

Après plus de 3 ans de guerre, de nouveaux pourparlers sur le Yémen se tiendront en Norvège d'ici la fin du mois. La coalition a interrompu son offensive sur Hodeida : l'Arabie Saoudite a-t-elle cédé à la pression diplomatique ?
- François Frison-Roche Chercheur au CNRS (CERSA - Université Paris 2), spécialiste des transitions démocratiques, de l'Europe post-communiste et du Yémen
Des pourparlers de paix sur le Yémen en Norvège d'ici 15 jours : c'est ce qu'annonçait hier le Foreign Office britannique, alors que la pression diplomatique sur l'Arabie Saoudite intense depuis quelques semaine s'est encore renforcée le week-end dernier. Donald Trump, Emmanuel Macron, Theresa May, Angela Merkel ont tous appelé à la fin des hostilités et à la reprise des négociations.
Cette annonce semble avoir été suivie d'une accalmie sur place à Hodeida, où la coalition était pourtant en pleine offensive pour en chasser les Houthis. Les combats entre les milices "loyalistes" payées par l'Arabie Saoudite et les rebelles Houthis qui occupent la ville ont tué plus de 150 personnes. Selon certains témoignages, l'entrée du port d'Hodeida (où entrent 70 % des importations yéménites, y compris l'aide alimentaire et les médicaments) aurait été légèrement touché par deux bombes larguées par avion. Il est cependant toujours en activité.
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Sans avoir déclaré officiellement de cessez-le-feu, la coalition semble donc avoir cédé à la pression internationale et stoppé une offensive qui s'annonçait assez rapidement victorieuse. Ce geste témoigne-t-il pour autant d'une véritable volonté de négocier?
D'une part, les tensions liées à l'assassinat de Jamal Kashoggi ont glissé vers un débat sur l'action de la coalition au Yémen. La multiplication et la confusion des affaires - assassinat du journaliste, polémiques sur les ventes d'armes, mise en danger des populations civiles - ont dessiné l'image d'un prince héritier brutal, négatif de celle qu'il tente de promouvoir depuis son arrivée au pouvoir. Les dirigeants qui s'étaient affichés avec enthousiasme auprès du jeune Mohamed Ben Salmane ont été mis dans l'embarras.
Les Etats-Unis et les britanniques, principaux fournisseurs d'armes du Royaume saoudien (et des Emirats), ont-ils pu jouer de leurs ventes (avions, hélicoptères et bombes) comme d'un levier auprès de leurs clients du Golfe pour infléchir leurs position? L'Arabie Saoudite a bien annoncé samedi ne plus utiliser les avions ravitailleurs américains, mais selon certains spécialistes c'est parce qu'elle n'en a plus besoin. L'Allemagne et la Wallonie seules ont pris la décision de cesser leurs ventes d'armement, mais les principaux fournisseurs - y compris l'Espagne qui hésitait - poursuivent leurs contrats.
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Si le levier de l'armement est inopérant, les diplomaties occidentales ont-elle tenu à mettre en scène une prise de conscience nouvelle, pour répondre à la "demande" des opinions ? Interviewé lundi sur France 24, Antonio Gutteres évoquait une guerre "stupide", Jean-Yves le Drian appelait à "arrêter les frais" : un registre assez rare chez les deux officiels, en ligne avec les préoccupations humanitaires des ONG.
Les derniers pourparlers prévus à Genève le 8 septembre dernier avaient été avortés faute de garanties de sécurité suffisantes pour la délégation des Houthis (notamment la mise à disposition d'un avion omanais qui ne risquait pas d'être abattu). Cette fois-ci l'émissaire britannique Martin Griffiths affirmait dimanche à Ryad avoir obtenu des "garanties" auprès des saoudiens. Le calendrier précis est encore flou mais les prochaines négociations en Norvège devraient se tenir "d'ici la fin du mois" selon le Secrétaire d'Etat Jeremy Hunt ; le Vice Président Mike Pence a lui demandé à ce que la paix soit conclue sous les 30 prochains jours.

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