

Ce matin, les Enjeux territoriaux se portent au chevet des communes étrillées par l’inflation. La hausse des factures met en péril l’équilibre fragile des collectivités et plonge les édiles dans de douloureux dilemmes, on en parle dans un instant avec le maire de Montataire dans l'Oise.
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Montataire est une commune située sur les rives de l'Oise, entre Compiègne et Paris dans le département de l'Oise. Cette petite ville de 13 000 habitants est confrontée, comme toutes les communes, à la hausse vertigineuse des tarifs de l'énergie et plus largement à l'inflation qui impacte non seulement les factures de la mairie, mais aussi les ménages les plus pauvres nécessitant le soutien des services public. Comment une petite ville comme Montataire fait face ? Le maire de la commune, Jean-Pierre Bosino, s’en explique.
Ne pas toucher au service public
La mairie de Strasbourg a par exemple récemment décidé de fermer les musées de la ville deux jours par semaine, dans le cas de Montataire, Jean-Pierre Bosino assume qu’il ne touchera pas au service publique pour économiser les dépenses : « on se refuse à toucher au service public. C'est impossible et ce n'est pas raisonnable pour la population de notre ville qui est une population modeste, une population avec des revenus faibles. La moyenne des revenus dans cette ville est de 12 000 € euros par an. Je précise par an, pas par mois. Et donc évidemment, nous nous refusons à toucher aux services publics qui sont la seule richesse des habitants de cette ville ».
Nombre de commune en France ont dû fermer l’exploitation de leur piscine, à Montataire le maire a trouvé la parade : « On s'est évidemment posé la question de savoir si on n'allait pas devoir fermer. On ne l'a pas fait. On se débrouille et on ne l'a pas fait. Parce que justement, il y a maintenant cinq ans, on a raccordé notre piscine à la chaufferie du bailleur social qui est juste derrière ce qui nous a permis de faire environ 20 000 € d'économie. Comme quoi, on n'a pas attendu Monsieur Macron et madame Borne pour nous engager dans des mesures d'économie ». Le maire de la commune s’est même offert le luxe d’augmenter le budget de la cantine communale l’année dernière, sans augmenter le tarif des repas, sans non plus diminuer les quantités dans l’assiette comme l’ont déjà fait plusieurs communes.
Combattre le marché
Jean-Pierre Bosino a déclaré à la presse qu’il était prêt à ne plus payer les factures énergétiques de sa commune : « ce n'est pas un coup de bluff pour faire le buzz, comme pourrait le dire certains. Non, non, c'est tout à fait sérieux. Nous ne paieront pas. Et s'il faut s'opposer physiquement à une coupure d'électricité, on le fera ». Jean-Pierre Bosino espère faire des émules parmi ses confrères élus locaux et les appelle à le suivre dans ce mouvement, ce qui n’a pas plus à la première ministre Elisabeth Borne qui qualifia le maire de Montataire de ‘’mauvais exemple’’.
Selon la locataire de Matignon, les collectivités bénéficient de dispositifs pour limiter l'impact de la hausse, ‘’même si le prix augmente beaucoup’’. Argument irrecevable pour Jean-Pierre Bosino : « Elle dit que je suis irresponsable en disant qu'on ne paiera pas nos factures. L'irresponsabilité est chez la Première ministre (…) pour une position dogmatique de protéger le marché, elle décide de ne pas nous ramener dans les tarifs régulés de vente pour acheter de l'électricité ». Aujourd’hui en France, seule les plus petites communes bénéficient des tarifs réglementés, c’est-à-dire celles de moins de deux millions de budget annuel et de moins de 10 agents municipaux.
Selon Jean-Pierre Bosino, il n’est pas possible pour sa commune de rester dans un cadre légal, c’est-à-dire de s’endetter pour payer les factures énergétiques : « Dans un budget communal, il y a deux parties. Une partie ‘’fonctionnement’’ qui permet de faire fonctionner les services au quotidien au jour le jour, c'est la partie avec laquelle nous payons les factures d'électricité. Et une partie ‘’investissement’’ pour laquelle nous pouvons emprunter. Mais nous ne pouvons emprunter que pour la partie investissement. Or, l'achat d'électricité et la fourniture d'électricité, ce n'est pas de l'investissement, c'est du fonctionnement ».
A bon entendeur, le gouvernement n’a pas encore réagi à la décision de Jean-Pierre Bosilo de ne plus payer les factures énergétiques de sa commune.
Avec Jean-Pierre Bosino, maire de Montataire dans l’Oise.
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