Mayotte le département français le plus pauvre de France est aussi le plus jeune. Au large des côtes africaines du Mozambique, l’archipel est petit mais dense et les Mahorais font face à des difficultés nombreuses entre chômage, bidonvilles et violence. Coup de projecteur sur la jeunesse mahoraise.
Avec Manuel Schapira, réalisateur du film Tropique de la violence qui sort en salle ce mercredi 23 mars 2022 en France métropolitaine.
Ce film, adapté du roman du même nom de l'écrivaine mauricienne Natacha Appanah est consacré à Mayotte et plus particulièrement à la jeunesse du plus grand bidonville de France, Kaweni, au nord de Mamoudzou, la capitale économique de l'île.
Manuel Schapira se rend à Mayotte et découvre avec stupéfaction l'ampleur de la pauvreté. Pourquoi personne ne s'intéresse a cet endroit de France ? Se demande le réalisateur
Prison à ciel ouvert
Mayotte est une île française entourée par les deux endroits les plus pauvres du monde : l'archipel des Comores et Madagascar. Les ressortissants des îles voisines souhaitent alors rejoindre Mayotte, territoire français priviligié, "même si la surpopulation, la densité et la vie de ces gens qui viennent sans papiers fait que cet eldorado se transforme en enfer" ajoute Manuel Schapira.
C'est pourquoi les Mahorais essaient de préserver leurs droits et avec l'aide de l'Etat, tentent de barricader leur île. Malheureusement, effet pervers, cette forteresse "se transforme en prison à ciel ouvert" explique le réalisateur. "Les jeunes (plus de 50% des habitants ont moins de 17 ans) vivent dans un petit territoire, avec très peu de possibilités de se projeter. On se retrouve avec une jeunesse complètement déboussolée et violente."
Mineurs isolés et descolarisés
À Mayotte, les bidonvilles sont peuplés de mineurs isolés : des jeunes gens qui sont venus avec leurs parents sur l'île et qui ont continué d'y vivre quand ces derniers se sont faits expulser. Ensuite, ils s'organisent en bandes pour survivre.
Si ces bandes de bidonvilles sont souvent rivales pour "de vieilles histoires", Manuel Schapira s'est rendu compte qu'elles étaient aussi très proches et partageaient les mêmes centres d'interêts. "À l'occasion du film, on a réussi à faire tourner des gamins de pleins de quartiers différents qui ne se connaissaient pas et qui se sont rendus compte qu'ils avaient les mêmes envies."
Le manque de transports et la complexité de l'administration fait que très peu de jeunes peuvent être scolarisés sur l'île : "il y a très peu de transports sur l'île, il n'y a qu'une seule route qui fait le tour, les embouteillages sont monstrueux." A cela s'ajoute un manque de moyens, de personnel "pour s'occuper de cette enfance qui est vraiment très nombreuse" et une forte stigmatisation de la population qui entraîne une grande violence : "tout le monde sur l'île, les jeunes violents, les adultes mahorais et métropolitains vit toujours dans la peur de cette violence, tout le monde est sous pression." finit Manuel Schapira.
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