Nouvelle-Calédonie : la France indopacifique

Un drapeau arborant le visage du militant kanak Atai, pendant sa cérémonie d'enterrement le 1er septembre 2021
Un drapeau arborant le visage du militant kanak Atai, pendant sa cérémonie d'enterrement le 1er septembre 2021 ©AFP - THEO ROUBY
Un drapeau arborant le visage du militant kanak Atai, pendant sa cérémonie d'enterrement le 1er septembre 2021 ©AFP - THEO ROUBY
Un drapeau arborant le visage du militant kanak Atai, pendant sa cérémonie d'enterrement le 1er septembre 2021 ©AFP - THEO ROUBY
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Le Ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu termine ce matin sa visite d'une semaine en Nouvelle Calédonie. À quelques semaines d'un scrutin d'indépendance, quelle est l'importance du "caillou" pour la France ?

Avec
  • Sandrine Teyssonneyre Géopolitologue

Un nouveau référendum d'autodétermination se déroulera en Nouvelle Calédonie ce 12 décembre. Alors que l'épidémie du Covid-19 bat en brèche le système de santé sur l'île, son importance pour la France reste considérable. 

Production de nickel, emplacement géostratégique, que sera la Nouvelle Calédonie de demain ? Pour en parler, les Enjeux accueillent Sandrine Teyssonneyre, géopolitologue.

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Référendum casse-tête

La date n'a jamais fait consensus. Elle a été décidée au dernier comité des signataires, qui s'est tenu au mois de juin à Paris. À cette époque-là, les partis indépendantistes étaient opposés à la date; ce n'est pas la crise du Covid qui change particulièrement cette opposition. Le ministre a réitéré le fait que tout était prêt pour tenir le vote. Les forces de sécurité sont sont en train d'arriver et qu'il faudrait donc en quelque sorte une catastrophe sanitaire pour le suspendre. 

Depuis les 18 derniers mois, la crise a amené l'Etat à accorder des subventions, qui se monteront à environ 130 millions d'euros. Il y a des prêts aux entreprises, il y a la venue de 300 aides-soignants pour aider les équipes médicales.  

Il y a en effet une espèce de paradoxe, c'est-à-dire qu'on demande à l'Etat à la fois de se désengager et de s'engager. La deuxième chose, c'est que l'une des composantes principales du FLNKS, l'Union calédonienne, a menacé de boycott. Alors, la menace de boycott dans ce pays, elle n'est pas bénine, puisque au cours des années 80, il y a eu trois boycotts d'élections décidés par les indépendantistes, dont deux sont associés à des violences extrêmement graves. Sandrine Teyssonneyre

L'économie calédonienne dans la balance

Le nickel représente entre 6 et 10% du PIB selon les statistiques, et entre 1 sur 4 ou 1 sur 5 emplois. Ça, c'est très important, parce qu'il faut aussi voir l'impact que l'industrie du nickel a sur la consommation, sur la construction et sur l'économie en général. En revanche, le nickel sans l'Etat entrerait aussi dans une phase complètement différente de son histoire. Il faut savoir que depuis 1998, l'Etat a versé une somme extrêmement extrêmement élevée 1,8 milliard d'euros de prêts, au secteur du nickel.

Après l'accord d'approvisionnement en nickel entre Prony Resources Nouvelle Calédonie (qui a repris une partie de la production au brésilien Vale) et le producteur d'automobiles Tesla, la production de nickel pourrait changer :

Aujourd'hui Prony Resources est peut-être le seul projet de nickel qui se pose véritablement la question de la compétitivité. C'est le seul projet qui fait face à la contrainte économique, puisque les deux autres groupes, soit la SLN ou KLS, font face à des problèmes d'endettement majeurs et de sous-production.

Un des problèmes qui va se poser pour le nickel, à terme, c'est comment un pays, qui est aujourd'hui un pays d'économie développé peut fonder son économie sur le secteur extractif?Car on a un PIB/habitant de 30 000 € par an et par habitant. Ce ne sont ni des statistiques de pays émergent, ni de pays en voie de développement.

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