

Elle est l'instrument du phénomène tant décrié de l'étalement urbain. Elle n'est plus adaptée aux exigences de sobriété énergétique. Pourtant, la maison individuelle reste un modèle d'habitat plébiscité par les Français. Comment la faire entrer dans des dynamiques de transition écologique ?
- Viviane Hamon anthropologue, chercheure indépendante, spécialiste des questions de rénovation de l’habitat privé et de transitions écologiques.
Le pavillonnaire urbain désigne l’habitation individuelle située dans l’enceinte des villes au contraire de l’habitat périurbain qui occupe leurs périphéries. Ce système de logement est le résultat d’une urbanisation précoce de l’après-guerre entre les années 1950 et 1970, où la ville a dû absorber les arrivants de l’exode rural et du baby-boom. Un phénomène massif et rapide qui a largement impacté la morphologie urbaine des villes…
Le pavillonnaire urbain à l’épreuve du renouvellement générationnel…
Le pavillonnaire urbain est de manière assez paradoxale encore assez largement habitée par les individus qui ont fait construire ces pavillons dans les années 50, à une époque où la stabilité de l’emploi leur permettrait de rester vivre dans leur maison. Ce sont toutefois des personnes qui arrivent à des âges très avancés et on assiste à une mutation générationnelle, avec l’arrivée relativement massive de ces maisons sur le marché, alors qu’il y a quelques années, elles n’étaient pas disponibles.
"À Saint-Brieuc, entre 2019 et 2021, on observe une mutation rapide de la population qui occupe les maisons pavillonnaires urbaines. Une mutation très rapide, mais relativement invisible pour la puissance publique. Les habitants eux s’en rendent compte. Certains sont même capables de nous dire rue par rue quelles maisons avaient changé de propriétaire et décrire la façon dont ils voyaient revivre les rues…"
Quelle place pour la transition écologique dans ces quartiers ?
Dans l’objectif du "Zéro artificialisation nette", les parcelles des maisons individuelles sont considérées comme artificialisées. Une situation que Viviane Hamon regrette : "On passe indéniablement à côté d’une coordination collective avec les habitants, il y aurait des actions stimulantes à faire pour activer ce potentiel de biodiversité en ville, qui passerait par une meilleure gestion des cultures, un respect commun des prescriptions, etc."
Du point de vue de l’action territoriale, ces quartiers sont très invisibilisés et la focale est davantage appliquée sur le périurbain. Le pavillonnaire urbain est grignoté par les injonctions à la densification. Or, si ces quartiers sont invisibilisés aux yeux des politiques publiques, les promoteurs immobiliers, eux, se saisissent de ce marché lucratif. Ce genre de pratique implique à moyen terme un phénomène de gentrification, contribuant à pousser une certaine population vers le périurbain.
Musique d'introduction : Forever Pavot - Au diable
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