Saint-Fons, la vallée de la chimie en transition

En 2016 à Saint-Fons, des pompiers interviennent sur un incendie touchant une installation classée Seveso.
En 2016 à Saint-Fons, des pompiers interviennent sur un incendie touchant une installation classée Seveso. ©AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
En 2016 à Saint-Fons, des pompiers interviennent sur un incendie touchant une installation classée Seveso. ©AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
En 2016 à Saint-Fons, des pompiers interviennent sur un incendie touchant une installation classée Seveso. ©AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
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Le long du Rhône, au sud de Lyon, de nombreuses communes profitent des implantation industrielles de la "vallée de la chimie" comme débouché d'emploi. À l'heure de la transition écologique, comment réduire l'empreinte environnementale de cette filière ?

Avec
  • Julien Lahaie Ingénieur-urbaniste, directeur du syndicat mixte des rives du Rhône.

La vallée de la chimie implantée le long du Rhône est aujourd'hui responsable de 26 % des émissions de gaz à effet de serre produites par la Métropole de Lyon, tout en employant 50 mille travailleurs dont 10 mille dans la seule industrie chimique. Cette deuxième agglomération industrielle après l'Île-de-France est centrale pour les stratégies d'emploi de la Métropole, tout en comportant d'importants risques environnementaux. 

Que valent les plans gouvernementaux et métropolitains de réduction des risques ? Comment la Métropole peut-elle concilier politique d'emploi et politique verte dans ce bassin d'emploi ? Nous en parlons avec Julien Lahaie, ingénieur-urbaniste et directeur du syndicat mixte des rives du Rhône.

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La longue histoire de la chimie lyonnaise

La vallée industrielle qui se déroule sur près de 50 kilomètres entre le sud de Lyon et le nord de Valence a une longue histoire derrière elle, explique Julien Lahaie

L'histoire industrielle de la vallée de la chimie se confond à Lyon avec l'histoire de l'industrie de la soie, puisque dès le milieu du 19ème siècle, les soyeux lyonnais, qui étaient plutôt installés dans le centre puis dans l'ouest lyonnais, ont eu besoin de développer de manière industrielle des colorants et des systèmes de détergents. 

On est au 19e siècle, donc les processus industriels de la chimie ont effectivement besoin d'eau de manière importante pour leur propre production. Mais il ne faut pas oublier qu'à l'époque, les normes environnementales étaient faibles, voire inexistantes. Une partie des rejets industriels partait malheureusement dans le fleuve et a notamment entraîné des pollutions importantes, ce qui n'est plus du tout le cas aujourd'hui. 

Si la vallée de la chimie est née de l'industrie du textile, elle s'est diversifiée à la fin du 19ème siècle :

La chimie n'a pas connu d'accident industriel avec des fermetures importantes comme d'autres industries ailleurs en France. Elle a perduré pendant les deux guerres mondiales, et puis s'est développée pendant les Trente Glorieuses. 

La chimie s'est énormément développée, accompagnant la mutation de la société et désormais, la chimie est partout, sur chacun de nous, autour de chacun de nous. Et effectivement, elle s'est diversifiée vers une chimie de spécialité, orientées vers la santé, les nouveaux matériaux, les molécules biosourcés… Julien Lahaie

Une industrie en mutation

Depuis la catastrophe de Feyzin en 1966 qui avait causé 18 morts en raison d'une fuite dans une raffinerie, l'industrie de la chimie a parcouru un long chemin et ne produit plus de pollution directe, notamment en raison du cadre réglementaire français, un des plus stricts au monde. Sur le bilan carbone, Julien Lahaie estime que l'industrie lyonnaise a amorcé le tournant : 

L'objectif des industriels, c'est bien de s'inscrire dans cette grande trajectoire nationale et internationale en agissant directement sur leurs sources énergétiques, puisque le carbone y est souvent lié au gaz ou bien à des chaudières, qui sont encore très anciennes.  

Il restait des rejets à températures assez élevée parce que les industriels de la chimie ont besoin de rejeter ce qu'on appelle l'énergie fatale, c'est-à-dire l'énergie produite qui n'est pas utilisée. C'est souvent de l'eau surchauffée, dont les industriels sont obligés de baisser la température pour ne pas augmenter la température du fleuve Rhône. Pour ça, ils utilisent des tours aéroréfrigérantes qui utilisent beaucoup d'électricité. Julien Lahaie

Des investissements à hauteur de 500 millions ont été réalisés sur les cinq dernières années pour récupérer cette chaleur fatale. Mais l'industrie contribue aussi à de nouveaux projets plus vertueux sur les terrains en friche. Le signe d'une industrie engagée dans la transition écologique :

Les entreprises sont toutes engagées dans cette transition : aujourd'hui, les industriels qui fabriquent le plastique sont en train de changer les molécules de fabrication du plastique, les polymères, pour essayer d'introduire des molécules biosourcées. Les industriels travaillent aussi, bien évidemment, sur le plastique recyclable. 

Si on ne travaille pas ensemble, on n'y arrivera pas, et le savoir-faire de cette grande vallée industrielle, c'est que les collectivités, quelque soit leur obédience politique, s'associent aux grands groupes industriels pour construire ensemble une trajectoire dans une logique gagnant-gagnant. Julien Lahaie

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