Taxis : la mesure économique du territoire parisien

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. ©AFP - Thomas SAMSON
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Quand les taxis arpentent les rues de Paris et de la Grande Couronne, ils tracent aussi une voie à travers différents territoires économiques. Comment s'organise la profession durement touchée par la crise liée au covid ?

Profession corporatiste encadrée par l'Etat, le métier de chauffeur de taxis est aux avant-postes de l'économie dérégulée (la gig economy). 

Guillaume Lejeune est docteur en sociologie et chercheur associé au CERLIS. En 2020, il soutient sa thèse intitulée "Les chauffeur·es de taxi parisiens. Enquête sur un petit métier des transports en crise."

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Depuis 2013, le monde des taxis est bouleversé. D’abord l’arrivée des VTC (plus de 20.000 entre 2013 et 2019, chiffre en hausse) sur le marché avec lesquels les taxis parisiens doivent partager le territoire, alors que les deux corps de métiers n’ont pas les mêmes charges. 

Le prix de la plaque a évolué à la baisse. En 2013, la licence avait atteint 246 000 euros. Payante depuis 1995, c'est paradoxalement à cette période-là, que les chauffeurs avaient le plus de mal à rembourser les emprunts qu'ils avaient faits pour acheter cette licence. Et il se trouve que la licence n'a fait que baisser jusqu'en 2019. Globalement, elle est arrivée à 110 000 euros.

Puis, en ce qui concerne la circulation, les embouteillages dans la ville se sont intensifiés et certains couloirs de taxis ont rétréci pour laisser la place aux pistes cyclables.  

Les 30 km heure déjà de nuit, c'est une contrainte supplémentaire puisque ce qui est apprécié dans le travail de nuit, c'est de pouvoir circuler de façon fluide et donc d'échapper aux bouchons, notamment. 

Ç_a peut entraîner une forme d'usure. Au travail, c'était le cas notamment quand les véhicules étaient moins bien équipés avec l'embrayage, le frein, et ce, plusieurs dizaines ou centaines de fois par jour. Mais la plupart du temps, il est difficile de contourner l'ensemble des bouchons, d'autant plus qu’ils interviennent dans les heures de pointe. Et les heures de pointe représentent les moments de travail privilégiés des chauffeurs de taxi. _

Ce qui est déterminant pour un chauffeur de taxi est de réduire au maximum l'attente entre deux clients. La répartition des taxis dans la capitale s'organise alors selon le jour et l'heure dans le but de réduire cette attente. 

La répartition des taxis est divisée entre les quartiers ouest et les quartiers est de la capitale, avec une préférence quand même pour le travail dans les quartiers plus huppés comme le 16ème, le 8ème arrondissement ou les Champs Elysées, qui sont à la fois des quartiers d'affaires et des quartiers touristiques. Donc l'ouest en journée, parce qu'il y a une possibilité d'enchaînement des courses. Et la nuit, le week-end, les chauffeurs de taxi vont davantage faire des courses qui vont aller en périphérie et les faire dans les quartiers de sortie. 

En cette année électorale, peut-on prévoir un vote des chauffeurs de taxis parisiens ? 

Les taxis parisiens sont des travailleurs non salariés. Ils correspondent assez bien à cette sociologie électorale de petits indépendants,  artisans et commerçants. Ils ont plutôt un ancrage à droite. Ils soulignent l'importance du rapport à l'Etat, axé sur le rapport aux cotisations, le rapport aux charges, comme c'est souvent rappelé. Et et ce rapport-là va déterminer la plupart du temps le vote.

Concernant les profils aujourd'hui des chauffeurs de taxi parisiens, Guillaume Lejeune ajoute :

Il y a peut être une baisse en termes de moyenne d'âge puisque la moyenne d'âge des chauffeurs de taxi était de 47/48 ans. Ça a toujours été d'ailleurs une moyenne d'âge assez élevée puisqu'on est dans un métier de reconversion où les gens ont une trajectoire professionnelle antérieure. 

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