Hommage à des jeunes éternels: Gérard Genette et Chris Marker

Gérard Genette était un très grand théoricien de la littérature, qui fut d’abord critique. Il est l’auteur de livres devenus des classiques sur lesquels ont planché des générations d’étudiants de lettres, comme les cinq tomes de Figures ou Palimpsestes.

Fondateur de la revue Poétique avec Tzvetan Todorov , Genette fut aussi l’inventeur de concepts comme «métalepse», « diégèse », « paratexte », « transtextualité »... Il a arpenté la langue et étudié la mécanique du langage littéraire de fond en comble à tel point qu'on pourrait le qualifier de "mécanicien du langage". 

Après des décennies d’ouvrages très sérieux, il avait entrepris depuis quelques années d’écrire un tryptique autobiographique, sorte de pendant à son œuvre théorique : Bardadrac en 2006, Codicille en 2009, Apostille en 2011, puis comme il n’arrivait pas à mettre le mot « fin », il en écrivit encore deux, Epilogue et Postscript.

Dans ces livres, mi-diction, mi-fiction, mi-gai, mi-triste, il laissait vagabonder avec un grand art de la digression et de la tangente sa pensée et sa langue, mêlant avec beaucoup d’humour et d’esprit souvenirs personnels et réflexions littéraires.
 

En ce joli mois de mai sur lequel on ne cesse de gloser, la Cinémathèque française consacre une grande exposition à Chris Marker, créateur mystérieux et protéiforme dont les films ont marqué d’innombrables artistes. L’exposition vient de commencer, elle dure jusqu’au 29 juillet, elle est l’occasion de voir ou de revoir ses films, comme Le Joli Mai, signé avec Pierre Lhomme, portrait de la France gaullienne post-guerre d'Algérie, qui remporta le prix de la critique internationale à Cannes en 1963, qu’Arte propose en replay jusqu’au 4 juillet.

Et pour accompagner le tout, on peut se plonger dans la lecture du dernier numéro de la revue Esprit, à laquelle a collaboré Marker pendant dix ans et qui lui consacre son dossier du mois de mai.